Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
Le creusement du canal : que de péripéties !
Le 9 mars 1661, Mazarin meurt et Louis XIV monte enfin sur le trône. Le 5 septembre suivant, Fouquet est arrêté pour être remplacé par Colbert. Riquet hérite de la ferme générale des gabelles du Languedoc et prend des parts dans celle du Roussillon, tout nouvellement annexé au royaume par le traité des Pyrénées.
Avec le renouveau politique de la seconde moitié du XVIIE siècle, l’idée de creuser un canal pour relier les deux mers (Océane et Méditerranée) fait son apparition. L’aude étant peu navigable, Riquet prit l’exemple de la rigole des Consuls entre Sorède et Revel pour l’ébauche de son projet. On sait qu’en 1662, Thomas de Scorbiac remonta en barque le Tarn et l’agout jusqu’à Castres afin de présenter un premier projet à l’état. Projet rejeté au prétexte de son infaisabilité.
Entre temps, Riquet et son ami proche l’archevêque de Toulouse, Charles d’anglure de Boulémont, réussirent à convaincre Colbert. L’idée de génie de Riquet était de collecter plusieurs ruisseaux du versant sud de la Montagne Noire afin d’alimenter son canal entre Revel et Grenade car la rivière du Sor n’y suffirait pas. La seule condition de la monarchie était que le canal passe à Toulouse, ce qui n’était pas le premier projet de Riquet. Néanmoins, les travaux commencèrent en 1667 et durèrent quatorze ans.
Ce fut un chantier soumis à de nombreuses difficultés et son maître d’oeuvre fut l’objet de calomnies et de dénonciations. Par exemple, en 1679, les rapports entre lui et Colbert n’étant pas au beau fixe, Riquet
dut s’obliger à interrompre le creusement du tunnel de Malpas, près de Nissan. Il entreprit alors de continuer son labeur en engageant en toute discrétion un maître maçon du nom de François Pascal. Ce dernier avait également tenu le chantier d’assèchement de l’étang de Pissevaches, aujourd’hui Sainte-croix à Sigean.
Trois siècles et demi plus tard, l’oeuvre de Riquet fait partie intégrante du paysage et du patrimoine du Sud de la France. Après la fin des transports commerciaux en péniche, de nombreux touristes et promeneurs se réjouissent de le parcourir en bateau, à vélo ou à pied et de franchir ses multiples écluses.