Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
Ceta : les exportations françaises ont bondi
L'accord économique et commercial global entre l'union européenne (UE) et le Canada, plus communément appelé Ceta, est au coeur des débats. Tandis que la France célèbre ses retombées économiques, des voix s'élèvent pour remettre en question ses véritables bénéfices.
D'abord, salué comme un moteur de croissance économique par les autorités françaises, le Ceta a généré une hausse spectaculaire des exportations françaises vers le Canada. En effet, selon les données du ministère de l'europe et des Affaires étrangères, les exportations ont grimpé de 33 % en six ans, passant de 3,2 à 4,2 milliards d'euros entre 2017 et 2023. Ce boom concerne particulièrement les secteurs agricoles et agroalimentaires, avec un excédent commercial multiplié par trois, porté notamment par les vins et spiritueux, ainsi que les fromages.
Pourtant, cette vision optimiste est contestée par certains experts. Maxime Combes, économiste à l'association internationale de techniciens, experts et chercheurs (AITEC), soulève des doutes quant à l'impact réel de l'accord. Selon lui, les chiffres avancés par le gouvernement ne prennent pas en compte l'inflation, ce qui pourrait amoindrir significativement la prétendue progression des exportations.
De plus, il met en lumière le fait que les grandes multinationales tirent davantage profit du Ceta que les petits producteurs locaux, qui doivent souvent composer avec des intermédiaires et des conditions moins avantageuses.
Toutefois, Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l'institut Jacques Delors, réfute ces arguments. Elle met en avant le fait que 75 % des entreprises ayant bénéficié de l'accord sont des PME, ce qui aurait engendré des créations d'emploi. Cette perspective souligne un aspect souvent négligé dans le
débat sur les accords commerciaux : leur impact sur l'économie locale et l'emploi.
En outre, le Ceta soulève des préoccupations au-delà des considérations économiques. Mathilde Dupré, codirectrice de l'institut Veblen, pointe du doigt l'absence de prise en compte des enjeux environnementaux. En favorisant certaines industries, telles que les engrais et les minéraux bruts, l'accord négligerait les impératifs de transition écologique et de lutte contre le réchauffement climatique.