Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron

Il était une fois l’école en 1943

De mémoire occitane avec Amans Batut

- DE

Avec des pleins et des déliés joliment dessinés pour mieux réveiller les conscience­s, l’Agentol Amans Batut, connu pour ses animations auprès des personnes âgées en institutio­n et des jeunes génération­s venues à leur rencontre, évoque ici le cri d’espérance de l’instituteu­r et conteur Jean Boudou.

Amans Batut, lui-même ancien instituteu­r, a en effet réalisé un triptyque inspiré d’un texte de Jean Boudou

qui fut dépositair­e, par sa mère, du trésor sacré de la littératur­e orale occitane.

Lorsque l’enfant Boudou entre à l’école primaire de Crespin (Ségala), c’est l’effroi : derrière l’apprentiss­age de la langue française, il découvre alors l’ostracisme de l’Éducation nationale à l’égard des jeunes occitanoph­ones.

C’est ce que nous dit

Amans Batut : « Au temps de sa scolarité, Jean Boudou avait éprouvé un choc des cultures, source de ses futurs combats. En 1941, il obtenait son premier poste d’instituteu­r. Le grand écrivain de langue occitane était habité par le souci d’enseigner. C’est pourquoi il revêtit la blouse grise et écrivit à l’encre violette, à l’aide de la plume Sergent-Major. » Amans s’est appliqué à réécrire, en lettres rondes, un

texte engagé de l’instituteu­r Boudou qui sauva sa belle langue natale du fleuve de l’oubli. Non sans vigueur, il

rappelle : « Après deux années de STO en Allemagne (1943-1945), Jean Boudou rentre malade. Ses parents âgés et son frère handicapé n’ont, pour survivre, que deux vaches maigres à l’étable. Quelques voisins rapaces, enrichis par le marché noir, lui proposent, à lui, le normalien de Rodez, de vendre leur lopin de terre et d’aller travailler à la mine ou à l’usine !»

Mais Jean Boudou n’en a cure ! Amans Batut nous livre encore ces mots de l’insurgé rouergat : « Que me diront les vieux grands-pères qui reposent au cimetière ? Ces vaillants ancêtres se seraientil­s révoltés pour rien en 1789 ?… »

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 ??  ?? Jean Boudou est né dans le petit village de Crespin. La maison familiale est devenue un lieu de mémoire. Sa mère, parente d’Honoré de Balzac, lui transmit le trésor de la littératur­e orale occitane.
Jean Boudou est né dans le petit village de Crespin. La maison familiale est devenue un lieu de mémoire. Sa mère, parente d’Honoré de Balzac, lui transmit le trésor de la littératur­e orale occitane.
 ??  ?? Le fervent occitanist­e lit deux de ses récits les plus expressifs, pour la plus grande joie des personnes âgées : « Un cochon de survie » et « Le siffleur d’oiseaux ».
Le fervent occitanist­e lit deux de ses récits les plus expressifs, pour la plus grande joie des personnes âgées : « Un cochon de survie » et « Le siffleur d’oiseaux ».
 ??  ?? Auteur et conteur, Amans Batut enchante les résidents des Ehpad avec une moisson de souvenirs, dont témoigne son dernier ouvrage : « A quoi penses-tu, grand-père ? » (De qué soscas, grand-paire ?).
Auteur et conteur, Amans Batut enchante les résidents des Ehpad avec une moisson de souvenirs, dont témoigne son dernier ouvrage : « A quoi penses-tu, grand-père ? » (De qué soscas, grand-paire ?).
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Amans Batut présente son triptyque dédié à Jean Boudou, avec version occitane et traduction française de l’Ostal nòstre se demolís (« Notre maison se démolit »). Un message fort qui parle aux aînés !…

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