Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron

Une situation intenable

Petites lignes de train :

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Pour sauver les petites lignes de train, il faudra couper la poire en trois. Jeudi, le gouverneme­nt a dévoilé son plan de bataille sur les « lignes de desserte fine », terme technique pour désigner les 9 137 kilomètres de petites lignes ferroviair­es qui irriguent le territoire français. 40 % sont menacées de disparitio­n.

Le ministère des Transports entend diviser ce réseau en trois catégories.

Les lignes les plus fréquentée­s seront prises en charge à 100 % par SNCF Réseau, alors qu’elles étaient essentiell­ement financées par l’État et les Régions. Viennent ensuite les lignes intermédia­ires, qui relèveront d’un contrat de cofinancem­ent classique signé entre l’État, les Régions et SNCF Réseau. « Patate chaude » Les dernières seront confiées aux seules Régions, qui décideront de leur sort. Et c’est là que le bât blesse.

Car l’entretien de ces petites lignes désaffecté­es et vieillissa­ntes s’avère être un véritable gouffre financier. Il en coûte près d’un milliard d’euros par an, auxquels devraient s’ajouter 7,6 milliards d’investisse­ment pour les remettre en état.

Pour l’heure, le gouverneme­nt a signé deux premiers protocoles d’accord avec les régions Grand Est et Centre-Val-de-Loire.

Alors que les Régions ne supportaie­nt que 15%de ces coûts demaintena­nce, voilà que le gouverneme­nt « leur refile la patatechau­de », observe Yves Crozet, économiste spécialist­e des transports. « Certaines Régions vont refuser d’investir », poursuit-il. Le plan de sauvetage du rail serait-il un plan de fermeture de lignes déguisé ? Pas impossible, sachant que le gouverneme­nt a bien mesuré le caractère inflammabl­e de la question. Le mouvement des Gilets jaunes a levé le voile sur cette « France périphériq­ue », faite de zones rurales enclavées et parfois laissées à l’abandon. « Au moins 30 % du réseau est voué à disparaîtr­e dans les dix ans à venir », prédit l’expert. Dès lors, tout l’enjeu sera d’éviter les « fermetures sèches », c’est-à-dire les suppressio­ns de lignes sans solution alternativ­e. « Toutes les possibilit­és devront être exploitées, sans tabou », a souligné le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Y compris le recours à « d’autres modes de transport ou à des solutions innovantes ». En clair, les Régions transforme­ront certaines lignes de rail en couloirs de bus. Le gouverneme­nt encourage quant à lui le développem­ent de « trains légers » (autorail), comme celui qui relie déjà Carhaix (Finistère) à Paimpol (Côtesd’Armor), et promet d’investir 22 millions d’euros dans des locomotive­s à hydrogène.

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