Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
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De Rodez à Rieupeyroux, la 22ème édition du Mois Artaud
Mardi 3 mars, le coup d’envoi du Mois Artaud, organisé depuis déjà 22 ans, a été donné à l’hôtel de ville de Rodez lors du vernissage de l’exposition « René Gaben, une peinture en temps de détresse », que l’on doit à Mireille Larrouy.
La présidente de l’association Rodez-Antonin Artaud s’insurge contre le fait qu’« en France, on veut toujours mettre les artistes dans des tiroirs ». En cela, elle donne son sentiment vis-à-vis de l’inclassable René Gaben, qu’elle défend âprement « pour son travail minutieux à l’abri des modes ».
Et d’ailleurs, s’il est un point commun entre Artaud et Gaben, « c’est bien leur liberté de création ».
Pour illustrer son propos, elle a cité le poète et critique littéraire Denys-Paul Bouloc. «Chaque fois qu’il découvrait un artiste, il avait besoin d’être surpris ».
Cette exposition intrigue, car l’esprit de géométrie ne cesse d’y côtoyer l’esprit de finesse, pour paraphraser Pascal. Et aussi, parce la dualité qu’elle donne à voir est saisissante par ses représentations colorées qui laissent deviner un goût prononcé pour le surréalisme.
Mireille Larrouy a souligné les origines aveyronnaises de l’artiste, « qui opère une synthèse entre la science et le sacré dans un monde où les usines sont les nouvelles cathédrales ». Tels des koans, tracés, flèches et traits de cotes, formules et notes de calcul déconcertent, sans occulter les références flamboyantes à la Renaissance italienne.
Elle a rappelé que René Gaben a publié en 2016, sous le pseudonyme de Lucien Jadot, Solstice d’Hiver, fiction autobiographique d’un certain Roland Cauvin, né à Rodez sous le Front populaire. Ce récit ouvre par un exergue de Georges Bernanos qui frappe par sa lucidité. « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ».
Première actualité du Mois Artaud réalisé en partenariat avec le centre culturel Aveyron Ségala Viaur et la médiathèque de Rodez, cette exposition s’inscrit dans une série d’événements en des lieux différents, dont Rodez mais aussi Rieupeyroux.
« René Gaben, une peinture en temps de détresse » est visible jusqu’au 28 mars. Entrée libre.
Le lendemain, mercredi 4 mars, à 18h, dans la chapelle Paraire à Rodez, s’est déroulé le second vernissage du Mois Artaud, « Folies d’artistes », avec Didier Estival, Jean-Luc Fau, Cyrill Hatt et Michel Julliard.
Il serait délicat de présenter ces créateurs aveyronnais, «dont l’art hors les normes et hors les modes flirte avec l’irrationnel et l’insolite».
Pour Mireille Larrouy, « on pense à Artaud affirmant ‘toute création est un acte de guerre contre la faim, contre la nature, contre la maladie, contre la mort, contre la vie, contre le destin.’ »
« Folies d’artistes » est visible les mercredis, vendredis, samedis et dimanches, de 15h à 18h, jusqu’au 29 mars. Entrée libre.
Vendredi 20 mars, à 21h, le cinéma de Rieupeyroux projettera le film de Gérard Mordillat, En compagnie d’Antonin Artaud, avec Sami Frey.
Dès le lendemain, samedi 21 mars, à 18h, dans la Petite Salle de la médiathèque de Rodez, Patrice Trigano, galeriste et écrivain, donnera une conférence. Il évoquera sa pièce Artaud-Passion ainsi que La canne de Saint-Patrick,
un roman publié en 2010 et dont le comédien Théophile Choquet lira des extraits. Entrée libre.
Dimanche 22 mars, à 15h, dans l’espace Gilbert-Alauzet à Rieupeyroux, la pièce de Patrice Trigano sera interprétée par William Mesguich et Nathalie Lucas.
Il faut remonter à juillet 2019 pour se souvenir qu’au festival d’Avignon, William Mesguich, tel un marathonien, avait joué quatre jours durant Artaud-Passion, Macbeth, Le Souper et une comédie.
Les réservations pour ce spectacle sont conseillées au 05.65.29.86.79