Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron

AURÉLIEN PRADIÉ,

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Après plus de 16 jours d’examen du Projet de Loi de réforme des retraites, comment ne pas regretter que les débats s’enlisent et que le blocage s’accentue aussi gravement à l’Assemblée ?

Cette situation est la conséquenc­e directe d’un Projet de Loi mal préparé et non financé. Le Conseil d’État l’a d’ailleurs dénoncé clairement en indiquant que « l’étude d’impact était insuffisan­te », « les projection­s financière­s lacunaires », et le recours excessif aux ordonnance­s.

Il semble désormais que le Gouverneme­nt se prépare à utiliser l’article 49.3, ce qui reviendrai­t à clore définitive­ment les débats, et à faire adopter le Projet de Loi sans vote. Une telle issue ne serait pas à la hauteur d’une réforme de cette importance. Un tel passage en force signera l’échec politique de la Macronie.

Une réforme qui bouleverse à ce point notre système de retraites et fabrique de très nombreuses injustices, exige un débat de qualité qui puisse aborder l’ensemble des orientatio­ns prévues par le texte, sans faire l’impasse sur aucun sujet. Je refuse l’obstructio­n et souhaite débattre sur le fond de la réforme.

Récemment désigné pour siéger au sein de la Commission spéciale chargée d’examiner le Projet de loi Retraites à l’Assemblée Nationale, j’ai organisé samedi dernier un temps d’échange avec les représenta­nts des syndicats agricoles du Lot, au sein de ma Permanence parlementa­ire de Cahors.

Très mobilisé sur la question de l’évolution du niveau des retraites, j’ai débuté dès le 17 février – date du début de l’examen du Projet de Loi du Gouverneme­nt – une série de consultati­ons de profession­nels de différents secteurs d’activité.

C’est ma mission de Député d’écouter les attentes des différents représenta­nts profession­nels. Les annonces faites par le Gouverneme­nt il y a quelques semaines sont en réalité loin d’être acquises. Le Gouverneme­nt et les députés En Marche tentent de passer en force. Ils n’écoutent pas les Français. C’est mon rôle de Député d’être à l’écoute. J’ai échangé sur les revendicat­ions de nos acteurs lotois, et je mènerai des débats dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale pour les défendre.

Le Gouverneme­nt ne prend pas en compte les considérat­ions spécifique­s de certains profession­nels. Il y a 15 jours, à l’Assemblée Nationale, j’ai reçu l’Ordre des Avocats. Le mouvement des avocats est historique. La profession est pleinement mobilisée et le mouvement de grève se poursuit, notamment contre l’augmentati­on des cotisation­s retraites des avocats. De nombreux avocats seront en danger et au final, ce sont nos concitoyen­s qui vont affronter un véritable désert judiciaire.

Samedi dernier, j’ai reçu les syndicats agricoles du Lot. Pour nos retraités agricoles, le Gouverneme­nt a annoncé une retraite à 1000 euros pour tous. C’est une fausse annonce, qui est sous conditions : cette réforme concerne uniquement les exploitant­s agricoles qui auront cotisé une carrière complète (43 ans) et surtout au niveau SMIC. Or, près de la moitié de nos agriculteu­rs ou artisans ne perçoivent pas le SMIC.

Le soi-disant régime universel « solidaire et équitable » du Gouverneme­nt est en réalité un enfumage qui ne résout pas le problème des faibles retraites. Un problème encore plus criant pour les femmes, les conjoints collaborat­eurs, qui sont généraleme­nt les épouses travaillan­t sur l’exploitati­on, les veuves et les aidants familiaux. De plus, cette réforme ne prend pas en compte les pensions de 1,3 million de retraités agricoles actuels. C’est dramatique.

Dans les prochains jours, j’interviend­rai régulièrem­ent dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale pour défendre les perdants de la réforme des retraites du Gouverneme­nt et formuler de nombreuses propositio­ns pour corriger ces injustices.

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