Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Petits monstres deviendront grands
En revenant d’en ville, Mathilde étouffait de rage. Elle était passée à sa banque où elle a assisté à une scène dont elle n’est pas encore revenue.
Un père entouré de ses trois enfants dont il porte dans ses bras le plus jeune, un bébé de quelques mois, est captivé par la conversation qu’il tient avec l’employée qui s’occupe de lui. A aucun moment il ne tournera ses regards vers son fils – huit ans environ - ni vers sa fille – six ans. Complètement livrés à eux mêmes, les deux enfants s’approchent du distributeur automatique de billets et commencent à taper sur le clavier. Ni le père, ni l’employée ne réagissent. Une femme entre, s’approche et prend le bébé dans ses bras. Apparemment il s’agit de la mère. Elle non plus n’a aucun regard pour les deux plus grands qui redoublent leurs coups de poing et de pied contre la machine.
Une dame d’un certain âge, très bien mise et très digne, s’approche de l’appareil, manifestement pour retirer de l’argent. Elle s’adresse poliment aux enfants et leur dit qu’il ne s’agit pas d’un jeu et que seuls les adultes sont autorisés à s’en servir. Les enfants la considèrent de bas en haut mais ne bougent pas. La dame les écarte alors avec douceur. Ils vont se réfugier à côté de leur mère qui leur tourne le dos et qui, pas plus que le père, n’a réagi pendant l’intervention. Elle se tourne alors vers le garçon et lui dit : « Ne t’en fais pas. Cette dame est méchante : elle n’aime pas les enfants parce qu’elle est vieille».
La morale de cette histoire sera pour moi que ces enfants sont bien à plaindre. S'ils ne changent pas ils deviendront des asociaux. Et la vie se chargera cruellement de leur donner les leçons qu’ils n’auront pas reçues de leurs parents.
Car on a l’habitude de gloser sur les jeunes d’aujourd’hui. Mais n’oublions pas qu’ils sont que ce que nous en faisons.