Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Le solo de Sourdure, une des révélations de l’Estivada
On dit de lui qu’il est un « bidouilleur » - ce qui peut paraître péjoratif. Mais non : appliqué comme un alchimiste du son épris de son art, cet artiste venu de Thiers, aux portes hautes de l’Occitanie, sublime le répertoire traditionnel occitan, qu’il réactualise de manière étonnante.
« Il », c’est Ernest Bergez, alias Sourdure, dont le saisissant solo a captivé un auditoire attentif, vendredi 22 juillet à 17h, côté Scène Jardin du haras de Rodez, sur un des fronts les plus brûlants, sinon les plus insolites de l’Estivada. Beaucoup ont épousé ses rythmes et beaucoup ont eu envie de danser à l’écoute de morceaux électro-acoustiques. Devant un parterre d’enfants visiblement attirés par cet esprit inventif, candide et lunaire, les traditions populaires du Massif central ont été grandement revisitées pour le bonheur de tous. La recherche poétique et musicale de ce barde attachant, mû par sa longue habitude de jongler avec divers instruments brassés d’électronique, se veut au service d’une musique d’ivresse et de communion, assumant un tropisme pour les musiques populaires du Moyen-Orient et des pourtours méditerranéens tel le Maghreb.
Toujours hybride et exploratoire, la musique de Sourdure est indissociable de l’art de la chanson, et sa voix prend naturellement sa place forte. Artiste inclassable, Sourdure laisse deviner une authentique quête de sagesse, et son côté innocent n’a pas été pour déplaire au public qui l’a vivement applaudi. Ses rythmes, faut-il insister, étaient follement dansants, avec parfois des accents de blues qui ont contribué à faire de son récital un moment profondément chaleureux. Avec Sourdure, la mélodie naît de peu dans une sorte de jubilation spirituelle qui pourrait rappeler l’art et la mystique des troubadours, mais pas seulement, car elle est aussi une ode à la liberté.
Mieux qu’un solo, une rencontre.