Qui vole un oeuf vole un boeuf

Monique, voisine et amie de

Mathilde, se remet d’un deuil douloureux, accompagné, comme par un fait exprès, de ces petites contrariétés qui empoisonnent la vie. La plus désagréable étant celle de la disparition de son journal que, depuis toujours, elle reçoit par porteur spécial dans sa boîte aux lettres, tôt le matin. L’expéditeur a tout d’abord été contacté, croyant à un oubli du distributeur. Il a bien fallu admettre qu’on se l’appropriait. Interrogés, les quatre colocataires de l’immeuble ont protesté de leur innocence. Quelqu’un a suggéré que le voleur venait certainement de l’extérieur. En constatant la grande contrariété de son amie, Mathilde a décidé de venir prendre le journal le plus tôt possible après sa distribution pour le lui amener dans la journée. Un matin où elle accomplissait sa mission plus tard que d’habitude, elle a rencontré un habitant de la maison qui s’est exclamé en la voyant : «Ah ! C’est donc vous qui volez le journal ! Que d’histoires pour pas grand chose. Avec l’âge on attrape de ces manies !» À quoi Mathilde a fait remarquer que son amie Monique payait pour son journal et qu’il était injuste qu’elle ne l’ait pas. C’était du vol qui pouvait faire l’objet d’une plainte suivie d’une enquête de police. Non pas sur la valeur, mais sur le principe. Car qui vole un journal en toute impunité peut être encouragé à voler davantage. Est-ce un hasard si dès le lendemain le journal a reparu ? Malgré tout, le mystère reste entier sur l’identité du voleur. Un bien triste individu pour s’en prendre à une vieille personne si gentille et sans défense.