Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
La bonne année, de place en place et de rue en rue
Des illuminations quasi inexistantes par souci d’économie, la cathédrale NotreDame elle-même privée de lumière alors qu’elle passe pour le phare du Rouergue : qu’elles émanent de décisions municipales ou d’autres acteurs de la vie locale, les restrictions énergétiques de fin d’année ont parfois engendré un fond de tristesse auprès d’un public en recherche d’émerveillement.
Pour autant, les enfants donnaient l’air de bien s’amuser, et le sourire qui éclairait certains visages d’adultes laissait deviner qu’il ne faut pas toujours chercher à l’extérieur de soi un bonheur inatteignable. De place en place et de rue en rue, Rodez était tout de même bien jolie, et même si certaines critiques sont peu amènes au sujet de la rareté des illuminations dans la cité au moment clé de notre calendrier, la cascade de lumière de la place d’Armes, elle, semble avoir fait l’unanimité. Que de selfies en son nom !
Troublante vision : curieusement, quelques heures avant le grand bond dans le futur de notre histoire commune, un livre détrempé avait été déposé sur le parvis de la cathédrale, au bord même de l’étincelante cascade. Seule la couverture était encore lisible. Ainsi pouvait-on en deviner le titre : Veillersur elle. Un livre flamboyant en fort piteux état. Un prix Goncourt, qui plus est. Le Goncourt 2023 de JeanBaptiste Andrea. Qui l’avait mis là, et pour quelles raisons ? Illisible, dérisoire, défiguré, mais tellement spirituel au chevet de Notre-Dame, alors que tout le monde, ou presque, s’apprêtait à festoyer… Bientôt les estomacs seraient pleins, et les rires joyeux fracasseraient le côté sordide et sombre des faits-divers les plus glaçants et des guerres incessantes qui secouent la Planète bleue. Pourquoi bleue, au fait ? Haut les coeurs et bonne année 2024 !