Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
« Identité nomade », le dernier opus de JMG Le Clézio
À Rodez, une rue porte son nom, et les éditions du Rouergue ont publié en novembre 1991 la belle biographie d’Albert Roussanne, L’homme suiveur de nuages : Camille Douls, saharien (18641889). Son préfacier n’est autre que JMG Le Clézio.
C’est d’ailleurs dans l’oeuvre du prix Nobel de littérature que l’on retrouve de puissantes évocations du jeune aveyronnais Camille Douls, qui fut le premier européen à avoir traversé la terre sacrée de la Seguia el-Hamra, seul et isolé dans les sables du Sahara occidental.
Cet aventurier des confins, né aux portes de Rodez, commune de Sévérac-l’Église, fascine Le Clézio, il est le reflet de ses propres errances. Luimême grand voyageur, il écrit à son propos : « Par son regard, vient jusqu’à nous la lumière éblouissante et dure du désert, qui nous éclaire. »
Le 11 janvier 2024, après de longs mois d’absence sur la scène littéraire, voici que Le Clézio réapparaissait à la vitrine des libraires avec Identiténomade, publié chez Robert Laffont. Pour ses fidèles lecteurs, ce fut une surprise, une joie authentique et profonde. Il est vrai que Le Clézio est l’auteur d’une oeuvre littéraire majeure, couronnée par le prix Nobel en 2008. Rappelons entre autres Désert, L’Africain, Ritournelle delafaim, Bitnasousleciel deSéoul, Alma.
Dans son dernier opus, il revient sur son histoire personnelle : « Mon père était médecin en Afrique. Nous étions séparés par la guerre. Du côté de ma mère, ils étaient mauriciens. Dans cette famille, on vient de pays différents mais on garde quelque chose en commun, j’y vois une espèce de goût pour l’aventure et une attirance pour ce qu’on peut apprendre en voyageant. Je descends donc de toutes ces origines et je crois que j’ai hérité de ces traits familiaux. Mon identité est là : c’est une identité nomade. »
Toute l’oeuvre de Le Clézio vit de son attention à l’autre, au déshérité, à l’indésirable. De sa volonté que l’écriture devienne action. Cet immense auteur n’a jamais caché que l’utilité de la littérature semble utopique face aux désastres du monde. Dans ces pages, il essaye d’y répondre avec sa franchise, sa culture, sa vision.
J.M.G. Le Clézio, Identité nomade, 144 pages, Robert
Laffont, janvier 2024, 16,50 €.