Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Véronique Magnaux : une vie de combats
Responsable depuis janvier 2019 de la communauté Emmaüs Aveyron, pleinement mobilisée pour la circonstance, Véronique Magnaux est forte d’une première expérience de six ans à la communauté Emmaüs Rochefort (Charente-Maritime). Entretien.
Véronique avait arrêté son parcours au sein d’Emmaüs en 2010 pour monter des projets en Afrique, où elle continue de séjourner une fois par an pour ses propres projets de campements éco-solidaires à destination des familles.
« Il n’y a qu’une seule communauté Emmaüs en Aveyron, clarifie-t-elle
d’emblée. Le siège de Rodez est doté d’une annexe sur Villefranche-deRouergue – ce qui représente une capacité d’accueil globale de trente-trois compagnons, dont vingtcinq sur Rodez même. Notre communauté a vocation d’accueillir des compagnons appelés à y vivre et travailler. Ils sont libres de partir quand ils veulent. Toutefois, jeunes et moins jeunes, filles comme garçons – la plupart issus de la migration – doivent y séjourner trois ans pour prétendre à un dépôt de titre de séjour à la préfecture. Aujourd’hui, nous manquons terriblement de place. Toutes sont occupées ! À Rodez, nous disposons d’une capacité d’accueil effective de dix-huit compagnons, alors que nous en accueillons vingtsix. Nous accueillons audelà de nos possibilités, mais les murs ne sont pas extensibles.
Cette communauté, qui existe depuis trente ans, a beaucoup souffert du manque d’entretien. Toutes les chambres ne sont pas équipées de douches ou de toilettes individuelles, et une mise aux normes s’impose. Nous avons monté un projet pour humaniser tous les locaux, ce qui implique la réhabilitation prochaine de la communauté, avec si pos
sible une augmentation de sa potentialité d’accueil. Certains compagnons vivent dans des chambres qui n’en sont pas. Récemment, nous avons pris en charge une famille avec quatre enfants que nous avons logés à l’extérieur.
Début janvier, nous avons eu le cas d’une maman accueillie avec sa fillette de neuf ans. C’est une première pour nous : je ne l’avais jamais fait jusque-là, mais je ne pouvais pas les laisser dans la rue. La petite est scolarisée et la maman va apprendre le français. Un ancien compagnon s’est trouvé en difficulté, car il ne trouvait de place nulle part. Pour moi, il était hors de question que cet homme d’une quarantaine d’années ne soit pas accueilli. Pendant des années, il a séjourné dans plusieurs communautés ; de retour à Rodez, je ne me sentais pas l’âme de dire à cet ancien d’Emmaüs : ‘Je n’ai pas de place pour t’accueillir’. Je n’avais qu’une caravane que nous avons chauffée et rééquipée, et cela lui convient très bien en attendant mieux. Et puis, il y a Kevin, un jeune français qui s’est retrouvé en difficulté dans la rue. Il figure parmi les accueils d’urgence les plus récents
(voir témoignage, NDLR). »
De son côté, Albert Fournier, lui-même président de la communauté Emmaüs Aveyron, met volontiers l’accent sur la nécessité de développer le bénévolat. Il en parle avec connaissance de cause pour avoir été pendant six ans trésorier bénévole au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), avant de découvrir Emmaüs et de s’y investir d’abord comme trésorier, puis comme président depuis juin 2022.