Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Mgr Luc Meyer : « Du biais macarel ! »
Dans un communiqué en date du lundi 29 janvier, Mgr Luc Meyer, évêque de Rodez et Vabres, se fait l’écho du monde agricole « qui parvient aujourd’hui à se faire entendre ». Et de s’exclamer : « Nous nous en réjouissons ! » Quoi d’autre ?
Mgr Meyer développe ainsi sa pensée : « Avec mesure et détermination, toutes tendances confondues, les actions mises en place nous aident à prendre conscience que notre économie agricole marche la tête à l’envers, comme les panneaux de nos communes l’ont bien signifié. Depuis un an et demi que je suis arrivé en Aveyron, j’ai eu l’occasion de visiter un certain nombre d’exploitations : des éleveurs, des agriculteurs et des viticulteurs. Et je sais combien d’entre eux sont témoins d’une tradition chrétienne de travail, d’entraide et de bien commun, qui fait la richesse et la fierté de nos territoires ruraux.
Samedi matin (27 janvier 2024, NDLR), j’ai pu rencontrer des adultes et aussi des jeunes qui expriment simplement leur souffrance, leur cri pour la dignité et leur appel à une justice porteuse d’espérance. Leur lassitude est tangible, mais leur détermination est intacte. Et je pense aux plus jeunes, pour lesquels il est si important que notre société ouvre un avenir et une espérance. Aujourd’hui, toutes les sensibilités convergent pour exprimer ce mal-être réel déjà ancien de ceux qui, sept jours sur sept, travaillent pour nourrir les Français et faire vivre notre économie par l’exportation. L’équilibre et la beauté de nos paysages passent aussi par le travail quotidien d’entretien de la terre, qui repose essentiellement sur eux.
Dans notre société mondialisée, les lois du commerce dépassent largement les normes et les économies locales ; la pression relayée par les industriels est très forte. Le culte de la performance l’emporte sur le bien commun.
Il ne suffit pas d’être bon. Les injonctions contradictoires nous commandent d’être meilleurs que les autres. Il devient ainsi de plus en plus difficile de vivre de son travail. Les subventions, qui voudraient rééquilibrer les différences, les compensent malheureusement par une surcharge administrative et des préconisations écologiques peu soucieuses des transitions.
Nous croyons qu’il est l’heure de rechercher des équilibres nouveaux, ou? chacun peut vivre de son travail, sans être a? la merci de contrôles administratifs qui nivellent les diverses réalités de terrain. Ce cri pour la justice, nous le partageons et nous souhaitons que le mouvement actuel puisse aboutir à des solutions concertées, qui reconnaissent le travail et la dignité de nos agriculteurs et de nos éleveurs. »