Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
500 agriculteurs, 350 tracteurs, 8 convois : état de siège dans le chef-lieu
350 tracteurs venus des quatre coins du département ont convergé vers le chef-lieu de l’Aveyron, mercredi matin 31 janvier. Et les opérations coup de poing se sont multipliées. Explications.
Dans le sillage des huit convois qui l’autre mercredi ont gagné Rodez de tous côtés, paralysant l’accès au centre-ville, on a dénombré 500 agriculteurs et plus. À juste titre, pareille mobilisation jusque sur la place d’Armes, leur point de ralliement, a été qualifiée d’historique. Après dix jours d’une mobilisation incessante, avec notamment le blocage de la RN88 sur le viaduc du Viaur, toujours à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, la demande au gouvernement d’une « vision d’avenir » a été réitérée à bien des reprises, en présence de nombreux jeunes agriculteurs ainsi que d’une trentaine d’élus.
Les syndicalistes envisageaient de tenir le siège jour et nuit, et parlaient même de campement insitu, au moins jusqu’à vendredi 2 février, tandis que des opérations coup de poing allaient être engagées dans les grandes surfaces de l’agglomération. L’après-midi, les manifestants se sont dirigés vers l’usine Lactalis (eu égard au prix du lait acheté aux producteurs) et le commerce Leclerc (pour vérifier l’origine de la viande, du miel et des produits frais), qui cristallisaient leurs revendications.
Passé une opération escargot, ils ont reflué vers Rodez, via le magasin Super U, à grand renfort de klaxons tonitruants. Une délégation de syndicalistes a été reçue par le préfet à 15h30, tandis que les Jeunes agriculteurs organisaient deux actions spectaculaires devant la Maison de Ma région et la direction des finances publiques. À l’aide d’une pailleuse, les
deux façades ont été couvertes de paille et de documents administratifs, pour souligner la lenteur des traitements des dossiers d’installation.
Tout portait à croire que cette manifestation s’inscrirait dans la durée.
Mais après la deuxième vague d’annonces du Premier ministre, la FDSEA, les JA et, à une moindre échelle, la Confédération paysanne, allaient suspendre leurs actions tout en restant vigilants, selon le mot du président de la FDSEA.
Tous attendaient que soient confirmées les propositions annoncées par Gabriel Attal. « Nous serons là pour faire aboutir toutes ces promesses gouvernementales », a insisté le porte-parole de la FDSEA. Plusieurs rebonds allaient advenir vendredi 2 février, en particulier à l’entreprise castonétoise Lactalis, où une quarantaine de producteurs laitiers ont ex
primé leur colère dans l’espoir, voué à l’échec, d’obtenir une meilleure rémunération.
En fin de journée, les militants de la Confédération paysanne ont procédé à un blocage filtrant devant le centre commercial Leclerc – la Conf’ ayant justifié leur action par un communiqué de presse expliquant notamment : « Rien de concret sur le revenu, c’est bien le drame de ces annonces face à une telle mobilisation. Annoncer le renforcement de la loi Egalim est une vaste fumisterie. Six ans que cette loi a été votée et le problème serait le manque de contrôle ! Ce qu’il faut, c’est l’interdiction d’achat en dessous du prix de revient de nos produits agricoles. Ce que ne permet pas la loi Egalim. La rémunération indigne, due à un système économique inégalitaire, est le sujet qui
mobilise des milliers de paysannes et paysans. Or, le gouvernement a annoncé des reculs inadmissibles pour l’autonomie paysanne, via la promotion des OGM et la poursuite d’un recours massif aux pesticides, et pour l’urgence écologique s’agissant par exemple de la fuite en avant sur la politique de
l’eau ou de l’insuffisance de soutien et de reconnaissance des productrices et producteurs engagés dans la transition agroécologique et l’agriculture biologique. »
À lire par ailleurs : La Confe?de?ration paysanne de l’Aveyron continue la lutte