Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Emmaüs à Rodez. Ah ! la bonne soupe…
Ce n’était pas un froid polaire qui sévissait jeudi 1er février sur la place publique, comme lors de l’appel à la générosité de l’abbé Pierre, un certain hiver 1954…
Pourront, 70 ans après, dans le chef-lieu, la baisse des températures était suffisamment forte pour que la communauté Emmaüs puisse célébrer avec justesse, dans un décor de circonstance, l’anniversaire d’une indignation radicale face à l’intolérable.
La fidèle restitution d’un des événements les plus marquants de l’injustice sociale dans notre pays s’est donc déroulée tout au long de la journée, réchauffée d’une abondante soupe populaire aux allures de chaudron magique. Une centaine de litres d’une vraie soupe chaude fait maison, avec de bons légumes du jardin ou du marché local, a en effet réconforté du matin jusqu’au soir autant les passants et les simples curieux que d’authentiques sans-abris. Des maraudes incessantes dans la ville, effectuées le jour même par les compagnons, les
avaient amenés jusqu’au campement provisoire d’Emmaüs…
Heureuse, chaleureuse, vivante et solidaire fut l’expérience communautaire ! On a chanté, on a dansé, on a beaucoup ri et fait la fête… Toutes sortes de questions ont été posées, entre autres, sur le pourquoi des communautés et sur la vie des compagnons, des plus jeunes aux plus âgés, des plus proches aux
plus éloignés.
Beaucoup se souviendront du campement cosmopolite d’Emmaüs, dressé place Eugène-Raynaldy, face à la mairie. Audelà d’informations sur les procédures d’accueil, sur les personnes exilées, sur les sans-abris, si souvent vulnérables et fragilisées, et même sur les mal-logés, diverses explications ont été données sur la vocation des communautés et la tâche quotidienne des compa
gnons. Sans oublier la diffusion de témoignages de compagnons sur fond de films d’époque et autres supports audio toujours poignants, faisant écho à la voix des sans-voix…
De la soupe de légumes au café qui booste, dans une ambiance incroyablement bon enfant, mais toujours sur fond de gravité, il n’y avait qu’un pas vite franchi pour réchauffer les papilles et les âmes vaillantes, tandis que des
sacs sortaient des vêtements, encore des vêtements, dans la note des premiers jours de l’aventure Emmaüs. C’était hier
et ce sera de toute évidence demain : le grand combat de l’abbé Pierre pour l’égalité des droits et la justice sociale.