Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Vocation. Jean-Sylvain Savignoni : « J’ai envie d’écrire »
Jean-Sylvain Savignoni publie son premier récit autobiographique dans lequel il évoque son enfance à Rodez. C’est un récit nostalgique qui touche par son éloquence. À premier livre, premières dédicaces, samedi 2 mars à la Maison du Livre, et ses ami.e.s d’Aveyron furent nombreux à entrer dans l’intimité de ce qu’il appelle avec tendresse « mon petit pays de l’enfance » .
Jean-Sylvain est comédien, il est aussi musicien, philosophe et conteur. C’est de famille, penseront certains. La famille Savignoni, d’origine corse, partie pour le travail du père au Maroc, où Jean-Sylvain a vu le jour. C’était à Oujda, en 1952. Huit ans plus tard, le voici à Rodez. C’est une seconde naissance. Il découvre la musique et bientôt la vraie vie. Son destin se dessine au contact de Paulo Chiesa, le guitariste corse initiateur qui a accompagné Tino Rossi à la grande époque, et chez qui il achètera sa première guitare et prendra son premier cours. Que de premières fois à ses côtés !
C’est décidé, plus tard, Jean-Sylvain serait musicien, et c’est en grande partie à Chiesa qu’il le doit. « Aveccetteguitare, lui dit un jour Paulo, tuvassurlacathédraleettuattirestous lescorbeauxdulittoral.» Ça, Jean-Sylvain ne l’a pas oublié.
Paulo Chiesa était luimême conteur, avec une voix très douce. La douceur, c’est ce qui fait craquer Jean-Sylvain, d’où ces Douceschroniquesruthénoises. Celles-ci n’empêchent pas quelques hauteurs. À l’école, il a connu de belles personnes. Il en parle avec admiration. «Au lycéeFoch,j’avaisdesprofesseursmagnifiques.L’un d’entreeuxavaitconnu Sartre.D’autresavaient véculaguerre,étaiententrésenrésistance…»
Ce qui est bien avec ce premier livre, c’est qu’il en appelle un second. JeanSylvain a déjà rédigé trente feuillets, il est presque en pleine mer (Giono usait de cette métaphore pour parler du cap des cinquante premiers feuillets).
Il confie volontiers : « J’ai envie d’écrire. Je veux essayer de capter ce que je ressens encore, pour le faire passer à mes enfants. Et aussi, parce que je songe aux lecteurs qui s’intéressent à ce que fut la vie de Rodez autrefois. Dans les années 1960 et 1970, est arrivée une culture de rupture. Entre la transmission, la tradition et la rupture, il y a eu comme un silence dans la ville. Vers quel côté se tourner ? Moi qui faisais de la musique par l’intermédiaire des bals, des instruments électriques et des grosses sonos, j’ai connu cette chose qui bouge et qui change – j’ai connu la vitesse. Le petit orchestre avec son accordéon et sa cabrette commençait à disparaître. J’ai vu un authentique changement de civilisation… »
Un chapitre est dédié à Layoule, qu’il a beaucoup aimée et qui reste un enchantement pour la plupart d’entre nous tant les promenades y sont inspirantes. «Jetrouveque Layoulemanqued’une plumeoud’unpinceau, pourpouvoirenparler,car
c’estvraimenttropjoli.Gamin,j’habitaisauGuéde Salelles,alorsj’enaivudes Tarzansdesboisde Layoule!Etpuis,c’està Layoulequej’aireconnu l’accentdeRodez,quin’est pasl’accentdeDecazeville oudeVillefranche.C’est l’accentquej’entendais danslescoursderécréation.Çaaussi,çame touche.J’aifaitunlivresur l’enfance.Onnequittepas lepaysdesonenfance.Je croisquelesadultesn’exis
tentpas.Quandonparlede l’enfance,jecroisqu’on parleaucoeurdechacun. C’estvraiquejesuisresté ungamin,cen’estpasévidentd’êtreainsi,ilfaut pouvoirl’assumer.Mais c’estcommeça,c’estmon petitpaysdel’enfance…»
Douces chroniques ruthénoises a été achevé d’imprimer en janvier 2024 sur les presses de l’Imprimerie Hérail, et l’on doit la photo de couverture à Patrick Horville. Prix : 15 €.