Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Bras de fer salarial entre le gouvernement et la fonction publique
Social • Grève du 19 mars dans le chef-lieu de l’Aveyron
En Aveyron aussi, la fonction publique s’est mobilisée pour réclamer des hausses de salaire. Mardi 19 mars, en écho à la manifestation nationale considérée comme une journée de grève, l’intersyndicale CGT, FO, CFDT, UNSA et SUD a drainé plus de 250 manifestants répartis entre la fonction publique d’État, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière.
Formés en un seul cortège, ils ont défilé depuis le quartier de Bourran jusqu’à la préfecture, en traversant d’un pas résolu le viaduc jusqu’à la place d’Armes, clamant haut et fort la nécessité d’une augmentation urgente des rémunérations et des renforcements du point d’indice plus conséquent par secteur d’activité.
Si le cortège était de moindre proportion qu’initialement prévu, l’Éducation nationale était largement représentée, qui réclamait une meilleure rémunération et davantage de moyens.
À noter par ailleurs l’opération de tractage effectuée sur le rond-point de SaintFélix par des infirmiers libéraux et leur syndicat, le Sniil, qui n’ont pas hésité, eux aussi, à tirer la sonnette d’alarme, « au risque de
voir des cabinets se fermer, faute de reconnaissance de la pénibilité de leur métier et faute de revalorisation des actes médicaux ».
Ce qui a pu frapper les témoins de cette journée de revendication, c’est la mobilisation inédite d’enseignants du Conservatoire départemental de musique. À ce sujet, Cédric Mors, secrétaire général CGT du Conseil départemental de l’Aveyron, s’est exprimé au nom des professeurs d’enseignement artistique du conservatoire – ceux-ci souhaitant alerter l’opinion publique au sujet de leurs conditions salariales, « pour un service public de qualité, pour vivre dignement de son salaire, pour l’intérêt des élèves qui suivent les cours. Cette profession est en danger. Aussi souhaitons-nous que les
responsables politiques en prennent réellement conscience ».
Car si en France, selon l’INSEE, la moyenne du salaire d’un agent de catégorie B (niveau Bac), primes comprises, est de 2410 € net par mois, « le salaire moyen d’un professeur de musique ou de théâtre au Conservatoire de l’Aveyron est de 1456 € », a également précisé Cédric Mors, reprenant ainsi un tract de la CGT du Conseil départemental très largement distribué devant la préfecture.
Et de résumer ainsi la condition sociale d’enseignants représentatifs du monde culturel qui irrigue et anime l’ensemble du territoire aveyronnais : « Cette différence est insupportable, d’autant que pour devenir professeur d’enseignement artistique, il faut
au minimum un Bac+3, ce qui équivaut à un niveau de catégorie A de la fonction publique. Cette différence s’explique par le manque de primes. À cela s’ajoute : l’achat et l’utilisation des instruments personnels (minimum 15000 €), l’assurance et l’entretien des instruments personnels, les déplacements sur tout le territoire avec les véhicules personnels, l’achat des partitions, l’utilisation de téléphones et d’ordinateurs personnels, etc. »
Ainsi donc, d’un secteur d’activité à l’autre, le bras de fer salarial entre le gouvernement et la fonction publique devrait se poursuivre sous d’autres formes d’actions, pas nécessairement sur le seul territoire aveyronnais, aux dires de l’intersyndicale elle-même, qui a le regard tourné vers Paris et la perspective des Jeux olympiques 2024.
Pour l’heure, l’objectif central reste fondamentalement inchangé : obtenir des hausses de salaire, écartées jusqu’ici par le gouvernement dans un contexte budgétaire contraint, le ministère des Finances ayant raboté le budget de près de 10 milliards supplémentaires, qui plus est sur fond d’inflation soutenue.