Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Sacrifier les abeilles ? Un retour en arrière « délétère »
Nous avons reçu un communiqué de presse de la Confédération paysanne de l’Aveyron, dans lequel ce syndicat agricole reprécise les raisons de sa nouvelle mobilisation, vendredi 29 mars à Rodez.
« Ces dernières semaines, le Gouvernement a annoncé des reculs inadmissibles pour l’autonomie paysanne, via notamment la poursuite d’un recours massif aux pesticides (mise en pause du plan Écophyto).
Le retour en arrière sur les normes environnementales est délétère pour notre biodiversité, notre alimentation, notre santé et celle des générations futures. Notre mobilisation a porté sur les mortalités importantes des abeilles dues aux produits chimiques. En effet, les apicultrices et apiculteurs de l’Aveyron sont très durement affectés par des pertes importantes de colonies : on compte déjà plus de 2500 ruchers (10 à 50 ruches) morts.
Suite aux cas constatés de Fièvre catarrhale ovine (FCO) et de Maladie hémorragique épizootique (MHE) dans l’Aveyron en fin d’été 2023, les organismes à vocation sanitaire du département ont prescrit aux éleveurs de vacciner les brebis et de désinsectiser les fermes avec des produits à base de deltaméthrine. Ce dernier est censé éradiquer un moucheron, responsable de la diffusion des deux maladies.
De son côté, la Confédération paysanne de l’Aveyron avait invité les éleveurs à booster la santé de leurs animaux avec des traitements alternatifs préventifs, qui ont déjà fait leurs preuves et qui sont inoffensifs pour les abeilles et autres pollinisateurs.
Certains de nos ruchers proches de fermes ovines ou bovines, qui montraient tous les signes de bonne santé en octobre 2023, affichent une mortalité totale (100 % ou quasiment) dès décembre, alors que les ru
chers éloignés des fermes ovines et bovines affichent une mortalité ‘classique’.
L’insecticide puissant a effectivement été utilisé sur les sites de ces mortalités dramatiques.
Les éleveurs qui en sont à l’origine ne savaient pas que le produit était délétère pour les abeilles. Celui-ci a été répandu sur les animaux, les bâtiments, les véhicules et même les tas de fumier sur lesquels les abeilles récupèrent de l’azote.
Les vétérinaires des OVS savaient-ils le danger de ce produit pour les abeilles ? Oui. Ils ont prévenu par mail les apiculteurs à l’automne 2023 de la dangerosité de ces produits qui allaient être répandus ‘dans l’Aveyron’.
Ils concluent leur message avec un ‘renseignezvous !’, en guise d’action préventive. Cela n’a pas empêché l’hécatombe.
À ce jour, l’impact sur les fermes apicoles concernées (ainsi que l’impact sur la
faune sauvage, totalement inconnu) est totalement méprisé par les services de l’État. Monsieur le préfet de l’Aveyron a été sollicité en personne lors de sa rencontre avec des apiculteurs, le 26 janvier dernier. Il a promis une aide qui n’est jamais arrivée, malgré nos relances.
Ce phénomène de mortalité grave des abeilles et pollinisateurs dû à la deltaméthrine a des précédents. En 2008, en Ariège, 4000 colonies d’abeilles avaient péri pour les mêmes raisons. Depuis, dans certains départements, des organismes agricoles ont organisé des temps de prévention auprès des éleveurs, et informent les apiculteurs.
Les apiculteurs impactés demandent aux autorités compétentes :
- La reconnaissance de ces mortalités exceptionnelles ;
- La mise en place de mesures pour éviter de nouvelles mortalités dramatiques des abeilles, dès ce
printemps où des cas de FCO arrivent à nouveau sur certains territoires (SaintAffricain notamment) ;
- Le dédommagement intégral des apiculteurs pour les colonies et les récoltes de printemps perdues ;
- La mise en place de temps d’échanges, d’information et de prévention sur les risques écologiques de l’utilisation d’insecticides en élevage auprès des éleveurs et apiculteurs […].»