Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Face à la menace terroriste, une simulation d’attentat proche de la jeunesse
Dans la préfecture de l’Aveyron, l’indispensable coordination des forces d’intervention
ENGUEYNADO, « Résistance » en occitan. C’est le nom de code de l’exercice militaire de sécurité et de défense intérieure qui s’est déployé jeudi matin 28 mars à l’intérieur du stade Paul-Lignon et du lycée Foch de Rodez où une alerte à la bombe factice a été donnée, pour tester en direct la coordination interservices de
l’État, indispensable à la gestion d’une crise. Reportage.
Dans un périmètre étroitement resserré entre stade et lycée, il fallait un certain recul pour ne pas se laisser happer par la puissance d’une mise en situation à scénarios variables, confiée par la préfecture à la Délégation militaire départementale de l’Aveyron afin
de préparer forces en présence (policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers) et forces armées à intervenir en cas d’attaque terroriste.
Mais le préfet lui-même, au-delà des mesures Vigipirate et de la relative proximité des Jeux olympiques, a fait preuve de fermeté : « Ilnefautpasentretenirde psychoseautourdece genred’événement.C’est uneopérationquialieu touslesansetlescommandantsdesdifférentsexercicessemettentchaquefois encapacitéderé pondreà unesituationextrêmement complexe.Ilestvraiquele contexteactuelnefaitque montrerlapertinence d’unetellecoordination.Il fautunentraînementpermanentetunefacilitéàcoopérerentrelesdifférentes forcespourrépondreaux
enjeuxd’uneattaquemajeure.»
Même vision du côté du Thomas Riou, commandant de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère : «Mêmesipersonnenesouhaitelepire,nousdevons nousypréparer.»
Dans l’enceinte du stade Paul-Lignon, face aux terroristes présumés (plus précisément, «faceauxindividusarmés» , rectifiera Charles Giusti), le schéma d’intervention préétabli a vu entrer en scène la police nationale, puis la BAC (Brigade anti-criminalité), suivies des unités de gendarmerie nationale de type PSIG-Sabre.
Parallèlement, les sapeurs-pompiers allaient intervenir pour prendre en charge ( «pour extraire» , selon leur propre vocabulaire) les victimes accessibles, tandis que 130 militaires de la 13e DBLE installée à La Cavalerie s’employaient à sécuriser les abords, simulant ainsi une nouvelle opération Sentinelle au plus près de la population. Cette même Légion, devenue familière aux yeux de tous, qui dépêchera pas moins de 800 hommes durant les JO de Paris, pour venir renforcer les dispositifs de sécurité.
Mises en alerte au coeur de l’exercice, les antennes du RAID de Montpellier et Toulouse (niveau 3 d’intervention, de type « tuerie de masse ») pouvaient, elles aussi, intervenir à tout instant, ainsi que les unités du GIGN. Difficile de faire la part des choses entre la fiction et le monde réel, et d’éviter l’ombre de la moindre psychose.
Trois établissements sco
laires aveyronnais participaient à l’exercice à hauteur de 160 élèves venus des lycées d’Aubin, de Saint-Affrique et de Rodez (une centaine de jeunes du lycée Foch avec leur proviseur qui a lui-même souhaité être acteur). Sans oublier une vingtaine d’étudiants de deuxième année à l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), partie prenante dans le jeu de rôle dévolu à la jeune génération.
Dès l’après-midi de ce même jeudi, un premier retour d’expérience a eu lieu, avant de pouvoir revenir plus avant sur tous les aspects de cet exercice. Mais attention : seul le Procureur est habilité à donner un bilan précis quant au nombre de victimes. Il faudra donc attendre encore un peu.