Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Hérault
Cérémonie du 8 mai
Discours de Robert Ménard. Le 8 mai 1945 est une date à part. Elle est celle d’une victoire héroïque, chèrement payée. Une victoire contre le Mal. La fin d’un cauchemar, d’une nuit zébrée de barbelés, peuplée de miradors, secouée du râle des victimes. Mais, aussi, une nuit éclairée d’actes héroïques, de sacrifices consentis, de combats finalement gagnés. La veille de ce 8 mai, l’armée allemande a signé sa capitulation à Reims, dans le coeur vivant de cette France qu’elle pensait avoir brisée pour toujours, avoir brisée à jamais. Le 8 mai 1945, la capitulation est confirmée, cette fois dans un Berlin en ruines. Mais, malheureusement, ce n’est pas seulement la capitale du Reich qui est dévastée. C’est toute l’Europe. C’est toute une civilisation. A feu et à sang. Une civilisation dont la composante juive et tzigane a été en partie exterminée. Une Europe qui, si elle a pu survivre à cet holocauste, ne retrouvera plus jamais sa place dans le concert international, un concert qu’elle dominait depuis des siècles.
Le 8 mai 1945, c’est l’avènement de nouveaux empires. C’est la nouvelle ère de blocs continentaux aux dimensions gigantesques. Dotés d’armes qui dépassent l’imagination. Portés par des idéologies mortifères, envahissantes, aux ambitions planétaires. Pendant que la France blessée panse ses plaies, une nouvelle histoire prend le large. Depuis lors, c’est vrai, nous vivons en paix. Malgré les soubresauts de la décolonisation, malgré l’effondrement yougoslave, l’Europe connait une période de paix historique, dont nous avons le bonheur de bénéficier.
Mais cette parenthèse n’est peut-être pas éternelle. La victoire sur le nazisme ne doit pas nous faire oublier que, si les monstres peuvent se cacher, ils ne meurent jamais. Jamais. De sourdes menaces pointent à l’horizon. Comme dans les années précédant 1945, des régimes totalitaires, violents, peu soucieux de la vie humaine, continuent d’exister. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont le vent en poupe.
Comme dans les années 30, ils testent nos démocraties, ils provoquent, ils essayent de nous humilier. Nous avons tous en tête la Turquie ou la Chine pour ne citer qu’eux. Ces régimes font planer un danger de plus en plus réel, tangible sur nos vies, sur notre avenir. Et je n’oublie pas cette autre menace qui tue de plus en plus souvent, dans nos rues, tout près de nous, cette menace islamiste et son cortège d’atrocités, de morts et de barbarie.
Commémorer le 8 mai 1945 sert aussi à garder tout cela en mémoire, à en mesurer le sens, le sens historique. Et à se prémunir. A se préparer. Cette journée doit rallumer, réveiller nos consciences, parfois endormies, endolories par le doux confort si difficilement conquis par ceux que nous célébrons aujourd’hui. La guerre n’est qu’une ombre qui dort. S’en souvenir est sans doute, à coup sûr salvateur. Notre mémoire est le dernier de nos remparts.
Vive la République ! Vive la France !