Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Hérault

Extraits. «Mon histoire du BasLangued­oc»

Chroniques de Michel Sabatéry

- PR

(Suite). A propos des premiers Chrétiens. Les empereurs romains sont si nombreux qu’il serait vain de les citer tous. Parmi ceux un peu connus, nous avons Trajan qui règne de 98 à 117. En 112, Pline-le-Jeune, haut-fonctionna­ire, lui envoie un courrier où il lui parle des chrétiens : « ... Ces gens se réunissent ... chantent des hymnes au Christ, comme à un Dieu, ... s’engagent à n’être ni voleurs, ni menteurs, ni adultères, partagent une nourriture très ordinaire et inoffensiv­e. Aucun mal à cela. Mais les prêtres des Dieux se plaignent, car les temples sont déserts ... les marchands de viande pour les sacrifices, ne font plus affaires. Quelle conduite le magistrat romain doit-il tenir ? »

Les Chrétiens persécutés. En 303, les Chrétiens sont persécutés. Tibéri, Modeste et Florentie font partie du nombre. On construira par la suite un monastère à l’emplacemen­t de leur tombeau. Comme beaucoup de saints, Saint-Thibéri fait l’objet d’une légende, dans laquelle il faut chercher la part de vérité. Thibéri est le fils du gouverneur romain d’Agde. Son père lui a offert un précepteur chargé de l’éduquer. Ce que le père ignore, c’est que ce précepteur, nommé Modeste, est chrétien, et fait tant, que son élève devient chrétien à son tour. Le père ayant découvert le secret, décide de les faire arrêter et condamner à mort. Voilà pour la part d’histoire. Le reste relève de la légende. Thibéri et Modeste sont prévenus de leur arrestatio­n prochaine. Ils remontent l’Hérault en barque durant la nuit, et se cachent dans un bois proche de Cessero qui deviendra Saint-Thibéry. Ils y restent plusieurs mois, durant lesquels, le jeune Thibéri utilise ses dons de guérisseur, en échange de nourriture. Il soigne les gens atteints de maladies mentales. A Rome, le fils de l’empereur souffre de folie, et son père recherche quelqu’un capable de le guérir. On cherche partout, y compris dans la Narbonnais­e, et on finit par entendre parler de Thibéri. On le cherche, on le trouve et on l’envoie à Rome, accompagné de son précepteur. Il y guérit le fils de l’empereur. Ce dernier, pour le remercier, lui propose des trésors, mais Thibéri demande seulement qu’on libère les chrétiens emprisonné­s. L’empereur entre alors dans une rage folle. Il fait emprisonne­r Thibéri et Modeste qui sont envoyés dans l’arène. Une Romaine, du nom de Florence, veut partager leur sort. Tous trois résistent à un bain de plomb fondu, etc. Arrive alors l’orage terrible qui disperse tout le monde, comme dans les films. C’est à ce moment que des anges emportent les trois martyres jusqu’à Cessero, où ils meurent. Depuis, Cessero est devenu Saint-Thibéry, et le village voisin a pris le nom de Florensac. »

Division entre Chrétiens.

Si les Romains sont souvent divisés pour une question de pouvoir, les Chrétiens le sont également. Il est né, en Orient, un différend entre Ariens et Chrétiens orthodoxes. Des conciles sont organisés pour tenter de régler le problème. Parmi ces conciles, on a celui de Béziers, en 356. A ce problème entre chrétiens ariens et orthodoxes, s’en rajoute un autre, toujours d’ordre religieux : Priscillie­n, évêque espagnol, est pour une religion chrétienne différente. Selon lui, l’âme aurait été créée par Dieu ; le corps et la matière par le principe du mal. Il prêche l’ascétisme, demande que l’on jeûne le dimanche et le jour de Noël, que l’on ne mange pas de viande et ne boive pas de vin. Il demande que les prêtres restent célibatair­es. Il interdit l’esclavage entre chrétiens. Il exige l’égalité entre les hommes et les femmes, etc. Cette doctrine est interdite en 380, et les sectaires se sauvent dans les provinces méridional­es des Gaules, dont la Narbonnais­e, où ils répandent leur croyance. Cinq ans plus tard, de nombreux hérétiques sont bannis ou condamnés à mort. L’évêque espagnol, Priscillie­n, est le premier chrétien condamné à mort par des chrétiens. Sa doctrine survivra et inspirera d’autres chrétiens, parmi lesquels les Cathares. Michel Sabatéry.

Newspapers in French

Newspapers from France