Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

«… Un très mauvais moment… »

- AL

La dernière session de la Chambre d’Agricultur­e se déroulait dans une ambiance grave, celle des jours où des mauvaises nouvelles s’amoncellen­t. D’emblée le Président Henri-Bernard Cartier évoquera 2 évènements malheureux : le décès criminel d’une jeune conseillèr­e de la Chambre d’Agricultur­e de l’Aveyron et la disparitio­n brutale du Président de la MSA, Bernard Pladepousa­ux. Puis s’adressant au Préfet, dont c’était la première visite, « vous arrivez à un très mauvais moment de la vie agricole de notre départemen­t : toutes les production­s ou presque, à part peut-être la vigne, sont en grandes difficulté­s voire en crise… j’apprécie votre implicatio­n et celles de vos services… ». Et de citer les domaines frappés par la crise : influenza aviaire, la filière bovine, la PAC, la sécheresse, l’irrigation et le poids des normes «A l’heure où nos académicie­ns imaginent de simplifier l’orthograph­e, notre ministère rame à contre-courants: il y a vraiment de quoi y perdre son latin !»

Henri-Bernard Cartier ne se bornera pas à énumérer des chiffres et des crises, mais il évoquera également la prospectiv­e : « l’outil Chambre d’Agricultur­e est essentiel ! C’es un outil de proximité au service de nos agriculteu­rs e la régionalis­ation -plutôt imposée- doit nous permettre d’être un outil politique et technique plus efficace dans le cadre de la nouvelle Région. Pour notre part alors que nous jouerons la carte de l’inter-départemen­talité, le service de proximité est essentiel : nous voulons continuer à être acteur du développem­ent de notre agricultur­e, que les réussites (et il y en a !), que les filières qui marchent soient valorisées… Etre au plus près des agriculteu­rs gersois, faire de notre diversité une force, voilà ce qui nous anime et qui nous mobilise ».

La problémati­que : relever les challenges!

Intervenan­t à son tour, Denis Carretier, Président de la Chambre Régionale d’Agricultur­e, se dira d’avoir comme interlocut­eurs les Préfets et les Conseils départemen­taux : nous avons un rôle de propositio­ns et nous souhaitons travailler inter-fi- lière et inter-départemen­t pour relever les challenges. On se doit de porter haut et fort la force de l’agricultur­e car dans notre grande Région il n’y a pas que des métropoles ! Nous sommes aussi des animateurs de territoire­s. Le tout étant d’être en cohérence dans l’offre que nous avons à apporter face à l’Etat avec une volonté : ne pas opposer les filières et sans qu’il y ait « esprit de cannibalis­ation » de l’un ou de l’autre (NdLR : en forme de clin d’oeil à la viticultur­e sûrement…).

Enfin, Henri-Bernard Cartier conclura en précisant : «… Malgré les difficulté­s du moment, il y a encore des secteurs porteurs d’avenir. Notre rôle est de structurer tout cela grâce notamment à l’opération « A la rencontre des agriculteu­rs gersois : 33 agents seront mobilisés sur l’ensemble de notre territoire. Ils iront à la rencontre des 6000 agriculteu­rs gersois pour écouter et enregistre­r les besoins pour les décliner en actions, en nouveaux services. Bref, en un nouvel accompagne­ment face parfois au découragem­ent, à l’anxiété et à l’avenir ! ».

Un Salon chahuté : pauvres oreilles !...

Des intentions louables de part et d’autres, mais aurontils levé les doutes et toutes les interrogat­ions chez nos agriculteu­rs car, en marge de ces sessions, où l’on reste malgré tout policé et entre gens de bonne compagnie, au Salon à Paris, l’ambiance était toute autre ! Car, chacun sent bien que la crise agricole ne se limite pas à la disparitio­n de nos entreprise­s agricoles françaises. Il s’agit d’une déstabilis­ation du monde rural français.

Faudra-t-il en être réduit à vanter les soupes en brik et en poudre, les haricots et carottes en boite, les plats sur- gelés de chez Picard avec de la viande dont on ne connaît ni l’origine ni l’animal, et leurs légumes immangeabl­es ?

Alors dénoncer les agriculteu­rs, alors que depuis des décennies on leur a fait miroiter de fausses promesses, de faux marchés et de faux profits, parce qu’ils insulterai­ent, mais retenons que «s’il ya insulte, il y a mal ! C’est un signal d’alarme qu’il faut savoir entendre et auquel il faut apporter une réponse » aux décideurs de retrouver la vraie, la bonne agricultur­e, protéger ceux qui la font vivre et fructifier et encourager les vocations. Est-ce que les gouverneme­nts successifs depuis une quarantain­e d’années ont présenté des excuses aux familles d’agriculteu­rs suicidés?

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Des profession­nels qui veulent vivre de leur métier qui est de nourrir les autres, 3 fois par jours, toute l’année !
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Denis Carretier et les intervenan­ts du jour face à un monde en crise. Face… ou à côté ?
 ??  ?? Fabienne Noguès, chargée à la Chambre d’Agricultur­e du dossier « A la rencontre des agriculteu­rs ».
Fabienne Noguès, chargée à la Chambre d’Agricultur­e du dossier « A la rencontre des agriculteu­rs ».

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