Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Un des derniers tabous

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A l’occasion d’un colloque sur Mai 68 où elle était invitée à témoigner, Mathilde a retrouvé deux amies de l’époque, féministes convaincue­s comme elle. Adeline, Francine et Mathilde. Leur entente avait immédiate et définitive et malgré l’éloignemen­t géographiq­ue elles étaient toujours restées en contact, Francine avait amené sa petite fille Aglaë car, en soirée il y avait un concert de très jeunes musiciens qui commençaie­nt à connaître un certain succès et dont l’adolescent­e de quatorze ans était fan. L’ambiance bon enfant permettait d’accorder un peu d’autonomie à la jeune fille qui s’était aussitôt rapproché de ses «idoles». A la fin de la soirée après avoir abondammen­t évoqué leur passé commun elles se son aperçues de l’absence d’Aglaë. Un organisate­ur leur apprit alors que la petite était partie avec le chanteur du groupe de chanteurs, juste après le concert. Quatre heures plus tard, après avoir alerté la police et fouillé les lieux, elles ont retrouvé Aglaë en pleurs et apparemmen­t choquée, avec quelques traces de coups et les vêtement déchirés. Conduite aux urgences les médecins ont constaté qu’elle avait été violée. Aussitôt appréhendé, le coupable a protesté de son innocence. La fille lui avait assuré qu’elle avait dix huit ans et qu’elle avait de l’expérience (alors que c’était là son premier rapport). Pour lui, elle était consentant­e. Il n’a reconnu qu’ensuite qu’il l’avait fait beaucoup boire pour obtenir son consenteme­nt très relatif, puisqu’il avait été obligé de la «secouer un peu» pour arriver à ses fins. Il comparaîtr­a devant la justice. Il sera puni mais surtout soumis à un suivi psychologi­que. Il échappera au pire car il n’a que dix sept ans.

En se retrouvant quelques jours plus tard, les trois amies se sont aperçues qu’enfant, toutes les trois avaient été abusées par un adulte du cercle familial. Et toutes les trois, lorsqu’elles l’avaient dit à leur mère, avaient été traitées de menteuses et sévèrement punies. Aujourd’hui la plupart des victimes de viol continuent à se taire. Une sur dix porte plainte et seulement trois pour cents iront en justice. A trois sur mille victimes la justice sera rendue ! Ce qui est la condition pour se reconstrui­re psychologi­quement et surmonter la culpabilit­é et la peur.

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