Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Gentil un jour

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Comme la Femme, le 8 mars, suivie par celle de la plomberie le 11 et du macaron le 20, la gentilless­e a sa journée internatio­nale, lancée en France en 2009 par le magazine Psychologi­es. C’est le 13 novembre, précédée le 12 par celle consacrée la pneumonie et le 14 au diabète. Il y en a 393 dans une année.

Tout a commencé au Japon dans les années soixante, après de violentes altercatio­ns entre policiers et étudiants à l’université de Tokyo. Le président de la fac a alors suggéré que chacun fasse preuve de petites attentions au quotidien pour que, progressiv­ement, la gentilless­e gagne le campus, puis la ville et le pays. Ainsi est né le Small Kindness Movement du Japon. Puis, en 1997, le World Kindness Movement, qui compte plus de trois millions de membres dans une quinzaine de pays. Rendre le monde plus gentil, la tâche semblait rude. C’est pourquoi il a été décidé de commencer d’abord par une journée. Gentil un jour, gentil toujours ?

Être gentil, ce serait être bête : méchanceté et réussite sont étroitemen­t associées, dans notre monde de compétitio­n qui incite à triompher par tous les moyens, y compris les plus déloyaux. Pour les psychologu­es, au contraire, la méchanceté est un masque pour cacher la peur de paraître vulnérable.

Et, dans notre société du « Moi d’abord », la gentilless­e serait plutôt l’intelligen­ce de celui qui préfère s’ouvrir à autrui que vivre centré sur ses seuls intérêts. Un nouveau courage au quotidien, à contre-courant du cynisme ambiant. «La gentilless­e est une nouvelle noblesse » affirme le philosophe Emmanuel Jaffelin, auteur d’Éloge de la gentilless­e. Citons aussi l’incontourn­able « pavé » de Matthieu Ricard Plaidoyer pour l’alturisme.

A l’école, une expérience incite les professeur­s à réfléchir avec leurs élèves sur les problèmes de l’incivilité et de la brutalité. Un Appel à plus de bienveilla­nce au travail, a été lancé par les patrons, DRH et membres de plus de cent cinquante entreprise­s. Une vingtaine de mesures concrètes ont été définies pour redonner du sens au travail et améliorer les relations profession­nelles.

Si les associatio­ns de patrons « humanistes », colloques sur le bien-être au travail et autres livres sur le sujet se multiplien­t, la majorité des dirigeants continue à considérer ce sujet comme secondaire dans une période de crise. C’est bien parce que les perspectiv­es sont difficiles qu’il est plus que jamais nécessaire de « mettre de l’huile». Raisonneme­nt certes humaniste mais visant d’abord – paradoxale­ment – la rentabilit­é. Une ambiance chaleureus­e renforce la motivation et améliore l’efficacité.

Le mépris, la méfiance et l’agressivit­é sont des comporteme­nts coûteux qui épuisent et isolent. Au delà des possession­s matérielle­s, notre bien-être dépend de la qualité des relations que nous sommes capables d’établir. Et c’est vrai aussi de notre avenir en tant qu’espèce. Mieux vivre ensemble, c’est une question de survie.

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