Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Le distillateur a reçu les derniers bouilleurs de cru
Cette année encore, le distillateur est passé en coup de vent : son alambic est resté deux demi-journées seulement sous la petite halle à la volaille. Pour en arriver là, Joël Danton a d’ailleurs du solliciter tous les bouilleurs de cru du secteur car ici, rares sont ceux qui, non seulement possèdent une vigne mais qui détiennent encore le privilège qui n’est plus transmissible. La distillation des alcools de fruits n’est pas vraiment entrée dans les moeurs et reste donc exceptionnelle. Pourtant le procédé reste le même depuis des décennies : l’alambic en cuivre est chauffé au feu de bois, les bûches étant amenées par le bouilleur, le vin est plus souvent contenu dans des bidons de plastique que dans les vénérables « bordelaises » , le processus étant toujours sous le contrôle du service des douanes. Mais entre l’apport du vin et la récupération des bonbonnes d’eau de vie, Joël Danton est resté bien seul ! Les anciens doivent se souvenir encore des temps mémorables où le distillateur s’installait pour plusieurs semaines au pied de la vieille halle à la volaille. Quel que soit le temps, il était toujours bien entouré avec une cour constituée de quelques fidèles indéboulonnables, du premier au dernier jour. On y déjeunait, on s’y chauffait, on échangeait les dernières nouvelles, on se remémorait celles du passé et surtout on dégustait. D’abord, sans être expert en oenologie , on se permettait d’apprécier la qualité du vin amené par les différents bouilleurs et ensuite, c’était une évidence, analyser celle de l’eau de vie qui en découlait. Surtout pas de risque de contrôle d’alcoolémie au retour. Les temps ont bien changé sur toute la ligne ! D’ici peu, l’alambic ne reviendra plus. La suppression, en vue de diminuer l’alcoolisme, du privilège de bouilleur de cru pour les exploitants de quelques pieds de vigne, estelle une mesure efficace ? On peut en douter….