Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

La Boue-gresse !

- AL

Lectoure a toujours eu ses grandes foires la Saint-Martin et pour le 7 janvier, la foire des Rois. La plus importante, en forains, marchands, camelots, attraction­s diverses et visiteurs était la Saint-Martin. Si nous remontons loin dans le temps (1930-1939), les personnes les plus près venaient à pied; 4 ou 5 kms plus loin, en carriole avec le cheval ou la charrette tirée par 2 vaches. Pour ceux qui venaient de plus loin encore, ils arrivaient par les trains, spécialeme­nt prévus pour la grande foire de Lectoure. Depuis la gare de Pradoulin, ils remontaien­t vers le centre ville en passant obligatoir­ement par la rue du 14 juillet. Cette rue a été longtemps la plus commerçant­e de la ville. Tous les corps de métiers y étaient représenté­s, elle avait ses bistrots et son hôtel-restaurant. Sous la petite halle, en arrivant sur la place centrale, il y avait un cireur qui avait beaucoup de travail parce que de ce temps-là, le chemin qui remontait de la gare n’était pas goudronné. Le thermalism­e n’avait pas vu le jour, que déjà on parlait des «boues de Lectoure» ! La foire d’alors n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Les grilleurs de châtaignes étaient nombreux, venu d’Astaffort, avec sa machin à vapeur, équipée d’un four spécial, faisaient cuire leurs fameux tortillons sur la petite place de l’église. C’était la foire qu’il ne fallait pas manquer si l’on voulait connaître les dernières nouveautés en tous genres : voir l’homme le plus grand du monde et le nain le plus petit ; la femme aux 200 kgs ; le veau à 5 pattes, le cracheur de feu ; les tireuses de cartes; les loteries, la ménagerie et ses fauves, les premières voitures, les premiers tracteurs, etc. Pour les amateurs (d’un bon moment), c’est chez Catherine (le rendez-vous des Italiens) et le petit hôtel-restaurant du fond de la ville qui était le point chaud des maquignons du surnom «Enta la Pouncho» (en patois dans le texte !). Celui qui avait vendu une bête venait se faire régler et bien souvent était obligé de demander le maquignon à la patronne qui lui répondait, en patois : «Qu’ès la haout qui è pouncho !». Mais Fleurance, avec la «Pente-douce» et «Les Charmettes » nous a été supérieure... dans ce domaine… Mais trêve de plaisanter­ie, revenons au Bastion et parlons de progrès : «Bon diou» que de boue ! La bouillabai­sse complète ! Des milliers de souliers salis dans ce bourbier, fait de poussières de pierres concassées en grumeaux gorgés d’eau qui font une pâte jaunâtre, collante et tellement voyante ! Les gens qui sortaient de ce bourbier faisaient une drôle de « bou-ille », et malheureus­ement, il n’y avait pas de cireur de pompes… Mais comme le dit le proverbe : à toute chose, malheur est bon! Il donnera peut-être l’idée d’empierrer le Bastion d’aussi belle façon que devant la Halle… Comme quoi, les boues de Lectoure ont toujours été renommées, et qui sait : un jour avec beaucoup, beaucoup de monde à Lectoure apparaîtro­nt des «Bou-i Bou-i», autre formule de thermalism­e…

Pierre Thore.

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Pierre Thore : la boue, ça sert toujours !

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