Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Yves Viollier et Yunnat ont séduit leur auditoire
C’est une rencontre littéraire exceptionnelle que la médiathèque a offert dernièrement à tous, adhérents ou pas, ce qui aurait mérité un auditoire bien plus important mais là plus encore qu’ailleurs, les absents ont eu tort. Pour une telle structure, recevoir un auteur est une démarche banale mais si celui-ci vient accompagné par le personnage principal autour duquel tourne tout le récit de son roman, reste un moment particulièrement privilégié. Yves Viollier, auteur vendéen, bien ancré dans son terroir est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages à succès. Avec « le Marié de la Saint Jean », il s’est intéressé à la vie du jeune Yunnat, citoyen chinois au départ, dont la famille a dû subir l’exil vers le Vietnam puis le Cambodge subissant chaque fois les conséquences des situation politiques dramatiques qui ont affecté ces pays, pour arriver enfin en France mais seul avec son petit frère. Aujourd’hui Yunnat est un grand-père mais de tels souvenirs ne s’oublient pas. Après avoir précisé dans quelles conditions il avait rencontré Yunnat avant d’être amené à romancer sa trajectoire, Yves Viollier s’est effacé devant son héros. Impossible cependant de ne pas se rendre compte de la complicité qui lie désormais ces 2 familles. D’une voix calme, Yunnat commence par narrer son arrivée à Paris à l’âge de 7 ans seulement, avec son petit frère, au début de l’hiver en short et en tongs, accompagné par leur maman. Ce sera 3 ans de petit séminaire avant de revoir leur famille où ils découvriront, entre autre, le boudin noir et les salsifis ! Quelle horreur ! «Les pauvres !», même si on le pense, on n’arrive pas à le dire tant le récit est toujours agrémenté d’anecdotes burlesques comme pour nous interdire de nous apitoyer ! Et c’est là qu’Yves Viollier intervient, posant d’une voix énergique la question qui relance le récit sur un autre épisode de vie : la rencontre inespérée sous la pluie avec un professeur qui les dispense de devenir SDF, l’admiration de Yunnat pour le dos de celle qui allait devenir sa femme, sans pour autant qu’il ait pu en voir davantage et cela durant plusieurs années, la rencontre fortuite, embourbé dans un fossé, avec son futur beau-père, les épreuves d’intégration que lui a fait subir sa belle-famille lors des travaux de la ferme, etc. Audelà de la richesse de ce récit où traumatismes et autodérision sont inséparables, Yunnat donne un bel exemple de résilience. Ici, le récit s’arrête au mariage, le jour de la Saint Jean. Mais il y a fort à penser qu’Yves Viollier, dans un prochain ouvrage sans doute, nous parlera à nouveau de Yunnat!