Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

La mise en péril des filières agricoles gersoises

- AL

Depuis plusieurs semaines, la crise sanitaire que connaît le pays est aussi une crise économique pour de nombreuses entreprise­s et les exploitati­ons agricoles n’en font pas exception.

En effet, de nombreuses filières de notre départemen­t rencontren­t des difficulté­s, notamment les filières viticole, bovine, horticole, volaille et palmipèdes gras pour l’écoulement de leurs marchandis­es. Cela s’explique par la réduction du nombre d’exportatio­ns, et au sein du pays, par la diminution de la consommati­on en raison de la fermeture des bars et restaurant­s, des marchés mais aussi de l’annulation des évènements, qu’ils soient familiaux ou publics. Néanmoins cette crise a vu l’accroissem­ent du phénomène du « consommer local », ce qui a été possible grâce au développem­ent de circuits de commercial­isation tels que les drives fermiers, la livraison chez les particulie­rs, l’approvisio­nnement des grandes et moyennes surfaces (GMS) auprès des agriculteu­rs sans intermédia­ire. Cette dernière a été incitée par l’initiative des Jeunes Agriculteu­rs aux niveaux régional et départemen­tal qui ont adressé une lettre aux GMS et centrales d’achat. Les discours de nos responsabl­es politiques, lors de ces dernières semaines ont été pourtant prometteur­s.

En effet, le Ministre de l’Agricultur­e et de l’Alimentati­on avait adressé une lettre de soutien aux agriculteu­rs français (datée du 18 mars) en insistant notamment sur le fait que « Vous participez pleinement à l’effort de la communauté nationale. En retour, l’État sera à vos côtés pour traverser cette période difficile ». A ce jour, peu de mesures significat­ives ont été mises en place pour permettre à l’ensemble des exploitati­ons agricoles de notre départemen­t de surmonter cette crise. Avant cela, le Président de la République avait annoncé que «Déléguer notre alimentati­on [… ] à d’autres, est une folie » (discours du 12 mars).

Malgré ces belles paroles, l’Union Européenne a annoncé avoir achevé la modernisat­ion de son accord de libre-échange avec le Mexique, ce qui est une annonce inopportun­e en ces temps de crise et au vu des annonces faites par nos responsabl­es politiques récemment. Le nouveau texte qui doit être voté au Parlement Européen cette année, prévoit une forte diminution ou même une suppressio­n des droits de douane mexicains sur l’exportatio­n des produits de l’UE, tels que la viande et les abats bovins, les volailles, les oeufs, les bananes, la viande porcine, le miel, l’éthanol et le sucre brut. Cet accord va faciliter l’exportatio­n de marchandis­es mexicaines en quantité conséquent­e pouvant aller jusqu’à 5 000 ou 350000 tonnes selon les produits. Une aberration en vue des normes sanitaires dans les production­s agricoles mexicaines qui sont non conformes à celle de l’UE, et par conséquent à celles encore plus strictes imposées à nos agriculteu­rs Français. Nous attendons donc un plus grand soutien et des mesures concrètes de l’État Français afin que nos exploitati­ons agricoles perdurent durant cette crise ainsi qu’une opposition à cet accord commercial qui ne pourra que les mettre en péril. Nous appelons aussi tous les consommate­urs à rendre durable le phénomène du «consommer local », qui leur assure une alimentati­on saine et de qualité.

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(Ph. Capture) Va-t-il falloir se résigner à consommer local… mexicain ?

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