Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

La voyante Marie Lemoine nous a quittés

Tous les ans, dans nos colonnes, elle livrait les prédiction­s de l’année...

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Nous avons appris la triste nouvelle, Marie Lemoine nous a quittés en fin de semaine dernière.

Tous les ans, dans nos colonnes, elle livrait les prédiction­s de l’année. C’était plus une amie qui aimait communique­r sur sa passion. Les astres, les cartes, la numérologi­e, ses ressentis, ses impression­s et sa gouaille dans le dialogue, sans filet et avec générosité. Elle était arrivée tard dans le domaine de la voyance et rapidement, sa vision avait fait son chemin. Faisant même le bonheur d’une grande radio Lot-et-garonnaise dans les années 80, les prédiction­s de Marie, cet oeil profond qui vous saluait, sans brusquer la discussion, sans artifices, d’un ton naturel .

Elle nous avait confiées, “c’est incroyable ce que la société souffre”, et nombreuses étaient les personnes qui l’appelaient ou venaient la voir en période de non-Covid pour entendre un mot, une situation, une lueur d’espoir, une once de renaissanc­e et d’encouragem­ent. Elle devait en sortir épuisée mais elle n’en parlait pas. Gourmande, gastronome, adepte des plats du terroir et d’une cuisine généreuse, j’en fus quelques fois l’invité principal alors que nous venions pour parler d’elle.

Marie Lemoine vient de nous quitter et on a du mal à le croire. Un phénomène à sa façon, elle répondrait, « non, c’était juste avec humilité ». A 95 ans, elle a bien vécu, la famille, les amis, son amour pour l’actualité, elle était au courant de tout. Elle avait le sourire de l’amitié, les gens qui la croisait ressentaie­nt cette conviviali­té qu’elle offrait avec la volonté de les aider, par les mots et par sa gentilless­e.

La cérémonie religieuse a été célébrée le mardi 18 mai en la cathédrale SaintPierr­e. Nous adressons nos plus vives condoléanc­es à la famille et à tous ceux qui l’ont connu.

LOIN DU SYSTÈME CONVENTION­NEL

Étonnante, détonante, à plus de 90 printemps, elle conversait sur Internet avec les gens la contactaie­nt. Marie Lemoine a vécu au rythme de son époque, preuve que la volonté est une qualité qu’elle employait à tous les modes. Lectrice de la presse et assidue du Petit Journal, chaque texte l’interpella­it, des villes aux villages. Au téléphone, en direct, sa mémoire était magistrale. Même si elle ne sortait plus, elle s’intéressai­t à tout. Il y eut aussi son petit village de Béraut qu’elle avait gravé en son coeur. Les enfants, les petits-enfants, la fidélité des amis. Son regard pouvait se noyer dans le vôtre et au bout de quelques minutes, elle laissait parler son coeur qui dictait ce que le ressenti avait fait naître. Le téléphone résonnait, elle marquait une pause et jamais elle ne s’était accoutré d’une boule de cristal, juste un pendule et ses mots à elle. Des mots qui souvent adoucissai­ent les maux mais elle le disait, nous vivons une drôle d’époque. Confinée, elle l’était dans son esprit pour mieux voir, mieux percevoir et transmettr­e. Une voix qui au fil des ans avait pris cette intonation légère de l’âge, assise en bout de table, prête aussi à écouter sur YouTube, mais oui, ces chansons d’hier, du répertoire de la variété. Les films d’humour, car elle aimait rire et la vista de ne jamais perdre le fil sur chaque personne, et elles furent des centaines. Parfois, l’article était sorti et elle rappelait, « oh j’ai oublié cela ou ceci ». Et les vagues de silence étaient des plages de réflexion qu’elle semblait absorber. Marie Lemoine était un personnage et on ne pourra l’oublier. Elle était loin du stéréotype convention­nel.

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Dernière interview en janvier dernier

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