Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Expo Charlotte de Maupeou
Charlotte de Maupeou revisite avec audace des pièces maîtresses de l’histoire de la peinture. Elle s’attaque à de grandes figures féminines peintes par les grands maîtres tels que Manet, Velasquez, Vermeer, en les traitant selon sa personnalité joyeuse et espiègle. Par son geste et sa manière d’utiliser le médium-peinture, l’artiste rend leur image plus contemporaine. Les féministes seront sensibles au redimensionnement des visages qui occupent tout l’espace du tableau, et imposent leur présence alors qu’ils n’étaient que des modèles réduits dans les oeuvres majeures. Ils laissent peu de place au fond si bien que l’oeil est forcé de s’arrêter sur l’acte pictural. Les paysages sont peints sur le motif. Charlotte avec tout son barda s’immerge dans la nature. Pas de perspective. Le ciel et la terre s’étagent en plans, des masses en oppositions colorées tiennent lieu de végétation et les nuages denses s’étirent dans une symphonie de bleus délavés. Le paysage s’immobilise sous nos yeux. Les fleurs, ou plutôt « la » fleur, occupe un tableau de grandes dimensions. Ici il n’est pas question de bouquet mais d’un végétal traité comme un portrait dans lequel le peintre pénètre pour en recueillir l’intimité. La forme brossée en quelques traits souples et vifs, s’affranchit des problèmes d’ombre et de lumière. Les fonds monochromes, discrets, exaltent la grâce poétique du sujet et sa force émotionnelle que nous fait partager la sensibilité du peintre. Les oeuvres de Charlotte de Maupeou suscitent la curiosité pour peu qu’on se laisse entraîner par sa gestuelle dynamique et gaie, sa palette riche et douce. La peinture vient du corps entier, le geste énergique place la tache de couleur, la peinture fluide recouvre, épargne, laisse paraître le dessous, ou bien s’y mélange ou s’y dissout.