Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot

Aro quàn lous rouziérs soun sénsé flours ni grànos

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Maintenant que les rosiers sont sans fleur ni graine, chantait au 12ème siècle le troubadour de Montcuq Bernàt Arnal qui nous dit que lous rics ménuziérs fàn càsso per las sànyos, les RICHES issus du PETIT PEUPLE(Ménuziérs qui ne sont pas menuisiers) s’adonnent à la chasse dans les Sànyos, marécages, terres gorgées d’eau. Sànyos, écrit Sanhas en bon Occitan des troubadour­s, a donné Sagnes en forme francisée. Sur Face Book une dame du Limousin ou d’Auvergne, pays d’Oc, me demandait le sens du nom de Saignes, son village. L’ancien occitan tout comme le Français d’Oïl ne savait pas trop comment écrire le N mouillé, N suivi d’un i dit semi-consonne, mouillure comme celle qui en Français suit T dans tien, L dans Lieu, ou D dans Dieu. De nos jours l’occitan officiel écrit cela par N ou L suivi de H, comme en Portugais. LH occitan= LL espagnol, NH occitan= N tildé espagnol. Jadis on hésitait tant en Français qu’en Oc entre IGN, IGNI, ou GN. D’où OIGNON qui se dit ONYON alors que MONTAIGNE, nom de l’écrivain du 16ème siècle, énoncé Montêgne, devrait se dire Montagne. Michel Eyquèm de Montaigne, périgourdi­n, maire de Bordeaux en son temps, parlaient trois languaiges (ainsi écrivait-on pour language) l’occitan, le latin et le grec, et n’apprit le Français que tard, il lui en resta toujours des gasconisme­s dont il se délectait. La forme IGN du N mouillé de son nom est la même que celle du village de SAIGNES trouvé sur Face Book. Saignes vaut pour Sagnes. C’est l’Occitan SANHA(s), prononcé aujourd’hui Sânyo(s), accent tonique sur A. Les vieux notaires de Montcuq citent une SANHA au MAS de LA BARTA (Bàrto, Buisson ou, parfois et jadis, buisson dense des bords des eaux, sorte de forêt -galerie en bords de rivières, telle celle qui borde la Barguelonn­e auprès de La Barthe en Ribyèyro dé Bargolouno). Etait-ce là que Bernàt Arnal vit de nouveaux riches de Montcuq chassant dans les marais? Si une Sagne est un lieu gorgé d’eau, comme nos Nâwzos et Nârsos, lieux-dits à Lauzerte et Montcuq, la vaste plaine, ou planùro, du fond de la vallée de la Barguelonn­e, sa Ribyèyro, ou zone inondable, pourrait avoir connu jadis, du fait du climat et des formes du relief, un régime d’écoulement des eaux différent de l’actuel et favorisant des zones marécageus­es comme aux abords de St-Daunès avant le drainage, par façonnemen­t de la Barguelonn­e, qui assécha le site. Comme quoi l’Occitan est nécessaire à qui s’intéresse à notre histoire.

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