Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot
Vols en V dans le ciel, avis de Printemps
Le latin nous l’assure tout oiseau est un AVIS de prime saison lorsque, remontant du Sud en troupes volant en grands V pointes vers le Nord, ils annoncent le Printemps.
Dans le ciel clair de ce février printanier, vision venue du fond des âges et qui fait ressurgir les émotions de nos ancêtres de la Préhistoire au sortir d’hivers plus rudes que les nôtres, les grands vols d’oiseaux migrateurs, signes de changement de saisons dans toute l’Eurasie, des Pyrénées au Japon, ont évoqué bien des mythes, des rites et des cultes, devenus traditions et coutumes sous le climat qui est le nôtre depuis 10 à 12 000 ans et en nos contrées par le passage à l’agriculture vers – 6000. Les remontées et redescentes de migrateurs scandaient les années agraires faisant naître l’idée d’un Paradis au Printemps Eternel, séjour hivernal du Soleil. Dans les Alpes et les Pyrénées on plaçait de tels Jardins paradisiaques sur les sommets tabulaires inaccessibles de certains pics. Celui de Bugarach fut le lieu de la récente résurgence de ce motif légendaire alors que Montségur figure plutôt l’ Hiver austère, froid et glacé, de la mystique cathare désincarnée qui, à l’inverse, en Pays de Montcuq imprègne d’une Paix Immense, le soir descendant, la butte de Penne à St-Géniès, pech calcaire plein de plantes méditerranéennes et du souvenir de l’Occitanie médiévale. Austérité souriante du très vieux Quercy qu’ont notée tous ses hôtes. Et si le Paradis était en ce pays de l’ancienne Aquitaine Romaine (de la Loire aux Pyrénées) qui pour les voyageurs de l’Antiquité fut une image du Paradis sur la Terre? Les Grecs situaient celui-ci «au-delà du Vent du Nord» d’où parvenaient à Delphes, temple d’Apollon solaire aux troupeaux innombrables, des couronnes de blés mûrs sous le soleil ardent d’un éternel été. On avait remarqué qu’en Mars, le lierre, fleuri aux vendanges, mûrissait ses toxiques baies noires, raisins de l’hiver, plante de Dionysos, dieu maître de Delphes en Hiver et qui laissait alors sa place à Apollon, revenu avec les grands vols de migrateurs. A Montségur lors du Lever Solaire marquant ce moment calendaire bien plus ancien que le catharisme eut lieu en 1244 la reddition de cette citadelle du vertige. A Montcuq ce fut en Mars 1242 que l’Inquisiteur entendit, Place del Plàn, les 80 Hérétiques cathares et vaudois du pays, dont les Nârcés, les St-Géniès et les Penne. Austérité souriante du Quercy ils ne furent condamnés qu’à des pèlerinages.