Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot
La « fonction » de directeur d’école bientôt créée ?
Le sujet est sur la table depuis des années : comment améliorer les conditions de travail des directeurs d’éco- le ? La crise sanitaire actuelle nous prouve encore leur rôle essentiel. Eux qui sont en première ligne pour rouvrir les écoles. Souvent pris en étau entre leur métier d’enseignant, le travail pédagogique avec les collègues, les injonctions de la mairie, celles de l’inspection académique...
En 2018, un rapport de la députée LREM du Vald’Oise Cécile Rilhac proposait la création d’un « statut » de directeur d’école pour leur conférer un rôle hiérarchique et des moyens. Tollé de beaucoup d’enseignants et syndicats opposés à tout lien hiérarchique entre un directeur et ses professeurs. Créer un statut signifiait aussi nouveau grade, nouveau con- cours : trop compliqué.
Avec vingt et un autres députés, Cécile Rilhac a donc revu sa copie et déposé, le 12 mai, une proposition de loi pour créer la « fonction » de directeur d’école. « Aujourd’hui, le directeur d’école est un enseignant qui a une responsabilité en plus. Il doit devenir un directeur, qui peut avoir des charges d’enseignement, explique-t-elle. Il aura autorité pour décider dans son école. » En revanche, pas de rôle hiérarchique sur ses collègues. L’inspecteur académique res- tera le supérieur hiérarchique.
Avancée majeure du texte : accorder davantage de « décharges » au directeur, ces jours où il n’enseigne pas. Un directeur n’aurait plus de classe à sa charge, s’il y a plus de huit classes dans l’école (contre 14 aujourd’hui). Son indemnité augmenterait aussi de 150€brut par mois(s’il a de une à trois classes) à 300 € (au-delà de 14 classes). Le texte prévoit égale- ment une formation spécifique et le fait d’avoir enseigné au moins cinq ans pour devenir directeur.
Douchés par les rapports successifs, certains directeurs accueillent le texte avec méfiance. « Pourquoi pas plus de compensation financière
pour les petites écoles, les tâches sont proches avec sa classe à gérer en plus ? », dit l’une d’elles, qui réclame une « aide administrative ».
D’autres veulent y croire. « Cette loi va dans le bon sens, estime Loïc Breilloux, directeur d’une école de sept classes (186 élèves), près de Limoges. La prime actuelle est insignifiante : je touche 180 € net par mois pour 20 heures de travail supplémentaire. Ma seule journée de décharge ne suffit pas ! » Néanmoins, « tout dépendra du budget qui sera voté », temporiset-il.
Le surcoût serait double pour l’État entre la hausse des indemnités et les postes d’enseignants à recréer à cause des décharges. De son côté, Cécile Rilhac espère que sa proposition de loi sera inscrite « en juin », pour un débat à l’Assemblée à l’automne, en même temps que le budget.