Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot
Eternel féminin
J’ai accompagné mon amie Mathilde faire les magasins. Comme tout homme normalement constitué, j’ai horreur de ça. Mais je voulais lui faire plaisir. Et grande a été ma surprise de constater que les marques de vêtements proposaient toutes un grand choix dans les plus petites tailles et pratiquement rien pour les autres. Une nouvelle forme d’exclusion...
Je n’ai jamais compris l’importance que nos compagnes accordent à l’apparence. Et à la nécessité de ressembler à telle ou telle égérie de la chanson ou de la mode du moment. D’où la torture de séances de gymnastique interminables - tant qu’on n’est pas mis en demeure de les imiter... chacun fait ce qu’il veut - et le calvaire d’éternels régimes. Elles veulent absolument ressembler aux filles des magazines qui, lorsqu’elles ne sont pas anorexiques se voient amincies et leur peau brunie ou lissée par l’intervention miraculeuse d’un logiciel de retouche photo. Car sachezle : ces femmes qui se déhanchent sur papier glacé n’existent pas. Elles sont complètement fabriquées selon les canons d’une mode folle où le corps doit disparaître au maximum pour mettre en valeur le vêtement qu’on veut vendre. Elles sont, en fait, de superbes portemanteaux vivants auxquels les femmes de tout âge rêvent de s’identifier.
Pour nous plaire elles devraient donc ressembler à un jeune garçon, sans hanche, sans taille, sans poitrine. Et si cette tendance était plus significative et plus perverse qu’il n’y paraît ? Au nom d’une égalité de droits qu’il faut défendre, bien sûr, si on tentait de faire de la femme un homme comme les autres ? Mort à la différence et donc à la peur ancestrale qui fait d’elle l’alliée du diable. Si la ligne fil de fer est flatteuse pour le regard, les «pointes» risquent de blesser dans des pratiques plus intimes où rien ne remplace le confort des formes épanouies.
Je prends parti pour les «amphores» contre les «planches à pain». Quoi de plus réjouissant que le spectacle d’une belle femme qui mange avec gourmandise, sans se priver ? Cela n’est-il pas le bon augure d’un bon appétit pour la vie et ses plaisirs ? Et je soutiens ici toutes mes amies - et leurs amies - pour s’engager dans une nouvelle libération de leur condition : celle de se sentir bien et belles telles qu’elles sont, sans vouloir changer pour ressembler à quelqu’un d’autre.