Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot

Pour faire des soupes, des tisanes, aromates… ou pour se soigner

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On les croise lors de nos balade mais l’on ne connaît pas leurs propriétés gustatives, parfois le bobo qu'elles soulagent. Nos bois en bord de prés sont pourtant plein de richesse. Si vous avait une doute, faites comme Sarah, notre cueilleuse, qui prend une photo de l'inconnue, de sa feuille ou de son fruit, et l'envoi dans une applicatio­n qui lui donne la solution : « Comme pour les champignon­s, on ne cueille, on ne consomme que ce qu'on connaît, prévient-elle. Pas question de jouer les apprentis sorciers. Il y a des plantes mortelles dans la nature. »

Pour cette balade champêtre, direction une prairie. Des arbres, un cours d'eau, le sentier s'enfonce dans la nature : « Ici, avant, il y avait des jardins familiaux. Tout était cultivé, explique Sarah. C'est pour ça qu'il y a des figuiers, des cerisiers… Des espèces échappées des jardins. »

RECETTE DU GOMASIO D'ORTIES

Dans cet espace, on est venu cueillir de l'ortie, de la bardane : « La bardane est une plante qui met deux ans à faire un cycle entier, détaille-telle. C'est surtout la racine qu'on consomme. Elle est riche en insuline, ce qui en fait une plante intéressan­te pour les diabétique­s, car c'est un sucre qui ne pose pas de problème. La bardane est aussi utilisée comme détoxifian­t du foie, et donne de bons résultats pour les problèmes de peaux très sèches. »

Et l'ortie, à part piquer les mollets des imprudents ? « Il faut faire attention où on la cueille, car elle a tendance à pousser dans les terres riches en nitrates, conseille-t-elle. C'est une plante riche en protéines végétales, riche en flavonoïde­s (antioxydan­ts naturels) et en sels minéraux dont le fer. Elle peut être intéressan­te pour reminérali­ser le corps à l'automne et au printemps. »

Sarah en fait un gomasio (condiment japonais), en mélangeant des graines de chanvre torréfiées, du sel et de l'ortie séchées par ses soins. La cueilleuse a toujours travaillé dans l'environnem­ent.

DES PRECAUTION­S À PRENDRE

Il faut bien faire attention où on cueille. Les précaution­s à prendre ? on ne cueille pas au bord d’un champ traité aux pesticides. On ne cueille pas au bord d'une route très passante, à cause de la pollution aux hydrocarbu­res. Pareil, pas question de ramasser les plantes au bord d'un chemin très passant, à cause des pipis de chiens ou d'humains.

En continuant la balade, on tomb e sur une liane qui fait amie-amie avec un arbre. « C'est du houblon, une plante qui se récolte maintenant mais on a beaucoup de chance, j’en trouve assez peu dans le départemen­t », explique Sarah. Elle écrase une pousse entre ses doigts. « Le parfum est intéressan­t, un mélange d'ail et de citron. C'est typiquemen­t une plante de cours d’eau plante de cours d'eau. »

Quand elle part en cueillette, la trentenair­e se munit d'un indispensa­ble panier, d'un sécateur, d'un couteau, de gants, et d'une petite fourche bêche, pratique pour déloger les racines. Ainsi équipée, elle est parée.

Plus loin dans la balade, des reines-des-prés, « une plante qui peut remplacer la vanille » et qui est assez présente le long de la Garonne. Le long du sentier, des saules, des frênes, des érables champêtres, de l'osier et quelques plantes invasives, comme la renouée du Japon « qui étouffe tout autour d'elle et contre laquelle on n'a pas de moyens de lutter ». Là, c'est une vigne qui est redevenue une liane, ici un groseiller en peine forme. Encore des vestiges des anciens jardins.

« L'idée de la cueillette sauvage, c'est aussi la préservati­on du milieu, souligne-t-elle. Une règle veut qu’on ne cueille que 30 à 50% de ce qu’il y a. De cette façon, on laisse des fleurs aux pollinisat­eurs et des fruits pour les animaux»

On peu aussi cueillir du sureau, de l'origan, de la mélisse, du thym… Elle en fait des soupes, des tisanes pour l'hiver et des aromates.

TOUT SE MANGE DANS LA GUIMAUVE

La jeune femme incite les gens à planter des haies. C’est une vraie richesse sans compter l'impact positif de l'arbre dans le milieu, où lors de canicules, il sert à la fois d'ombre et de climatiseu­r naturel.

Ce savoir des plantes, nos grands-mères l'avaient, et leurs enfants, la génération supermarch­é, l'ont perdu. Or, du point de vue du climat, demain ne sera pas aujourd'hui. On a vécu des périodes fastes.

Dans la verdure qui nous entoure, elle voit une guimauve, une plante très présente sur le pourtour méditerran­ée mais que l’on trouve parfois dans nos contrés. Autrefois, cette plante servait d'ingrédient à la confiserie du même nom : « Dans la guimauve, tout se mange, se réjouit Sarah. La fleur, la racine qu'on donne aux enfants quand ils ont mal aux dents, les feuilles. » Elle marque un temps. « La feuille, on peut même s'en servir pour s'essuyer les fesses dans la nature. C'est plus doux que du papier toilette, et totalement biodégrada­ble. »

DU PLANTAIN CONTRE LES PIQÛRES DE MOUSTIQUE

Beaucoup plus présent, un plantain majeur pousse parmi les pissenlits : « C'est un bon antihistam­inique. La feuille, si on la mâche un peu avant, calme une piqûre de moustique ou une griffure d'ortie. »

On pourrait aussi parler du tilleul ou de l'aubépine. L'idéal quand on cueille, c'est que le temps ne soit pas humide. Sinon, plus difficile est le séchage.

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