Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot
Discours d’ouverture de Serge Rigal
« Mes chers collègues,
Il y a 70 ans, le premier février 1954, l’Abbé Pierre lançait un appel au secours sur les ondes de radio. Cette nuit-là, une femme et un bébé venaient de mourir de froid, dans la rue, des suites d’une expulsion.
Ce cri lançait alors ce que l’on appellerait plus tard « l’insurrection de la bonté ». Cet appel provoqua une telle vague d’émotions, un électrochoc sur le mal logement et la misère sociale que les pouvoirs publics de l’époque ne pouvaient plus rester les bras ballants.
70 ans plus tard, nous pourrions nous dire que ce temps est derrière nous. Que nous avons progressé. Que nous avons appris des erreurs du passé et que nous savons désormais qu’une société ne peut tenir debout, ne peut tenir ensemble sans solidarité.
Nous pourrions nous dire que tout a été mis en place pour que cette solidarité existe au quotidien : logement social abondant, éducation publique de qualité, système de soins et de sécurité sociale universel, aménagement solidaire du territoire, services publics de proximité tels que les transports, l’énergie, l’eau, accessibles de la même manière à tous, et tout ceci financé par de la justice fiscale, etc..
Bref, sur tous ces domaines, nous pourrions nous dire que 70 ans après ce cri du coeur, notre pays est enfin à la hauteur de ce que proclame sa Constitution dès le premier article : « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et SOCIALE ».
Et permettez-moi d’insister sur le mot « SOCIALE »
Oui permettez-moi d’insister car, 70 ans après, malheureusement nous régressons.
- le mal logement demeure une réalité pour plus de 4,2 millions de personnes selon la Fondation Abbé Pierre et l’une des dernières trouvailles du Premier Ministre est d’assouplir la loi SRU qui est pourtant le seul outil contraignant au service de la construction de logements pour les plus modestes et de la mixité sociale !
- notre système public d’éducation est dénigré par sa propre Ministre et abîmé par un manque de moyens chronique au niveau du nombre d’enseignants, de leur rémunération ou encore de la formation qu’on leur accorde.. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les enseignants, ces véritables fantassins de la République se sont mobilisés plus que de coutume la semaine dernière et de nouveau ce mardi.
- que dire enfin de notre système de soin au sens large ? L’hôpital est à bout de souffle, les déserts médicaux ne se résorbent pas et la seule annonce qui est faite est le pillage, je dis bien le pillage de médecins dans les pays pauvres ! Quel cynisme..
Plus globalement, il semble que cette boussole d’une République sociale soit depuis longtemps détraquée et que personne en haut lieu ne sentent l’urgence à traiter cette question.
Alors que le prix de l’électricité a augmenté dans des proportions vertigineuses depuis deux ans, que l’inflation grignote le pouvoir de vivre, comment ne pas voir dans les annonces d’une nouvelle hausse de 10% du prix de l’électricité (ce qui fera 44% en deux ans) ou du doublement des franchises médicales une provocation de plus ?
Cette question d’une meilleure répartition des richesses et de la valeur, elle est d’ailleurs au coeur de la colère agricole qui s’est exprimée depuis deux semaines. Comme beaucoup d’autres professions, nombre d’agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur simple travail et se sentent prisonnier d’un système qui marche sur la tête car la richesse qu’ils produisent, elle est captée, elle va dans les poches d’autres acteurs..
Voilà pourquoi dès les premières manifestations, aux côtés de Carole Delga et de Rémi Branco, nous sommes allés à leur rencontre pour entendre leur désarroi. Il est légitime, notamment pour un revenu plus juste. C’est hélas le lot de nombreuses professions, des fonctionnaires jusqu’aux salariés du privé.
Ce contexte de régressions sociales sur de nombreux niveaux, s’il est alarmant car nous voyons bien qu’il fait le lit du populisme, ne doit pour autant pas nous paralyser.
Pour les hommes et les femmes de progrès que nous sommes, cela ne peut que nous inciter à redoubler d’ardeur au service de nos projets et de la vision de la société que nous portons.
Cette vision, c’est celle du faire et du faire ensemble. Au service de tous.
Celle d’une institution qui, je le disais lors de mes voeux, « bâtit des liens ».
Bref d’un Département fidèle à ses engagements historiques au service de tous, à commencer par les plus fragiles, et dès lors engagé pour les deux tiers de son budget pour un Lot Solidaire qui protège !
Notre budget justement, c’est le document stratégique qui nous réunit aujourd’hui et demain et qui constitue notre cap concret et opérationnel pour bâtir ce Lot A Venir, ce Lot du lien !
Un budget équilibré à 288,4 millions d’euros, un budget qui continue de nous désendetter pour la 10ème année consécutive mais qui ne renonce en rien à nos ambitions nouvelles.
Au contraire, c’est un budget de projets, un budget d’investissements puissants qui atteignent 48 millions d’euros, soit par exemple près du double de ce que nous faisions il y a 7 ans, un budget qui confirme notre volonté de projeter le Lot vers demain tout en étant au service du quotidien des lotois.
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Au premier rang de ce budget je le disais, figurent nos ambitions pour un Lot solidaire qui protège.
Faire Lot ensemble, faire société, faire République ensemble, cela commence par quelques fondamentaux. Notamment l’ECOLE.
C’est à l’école que débute la fabrique de ce que nous avons en commun. Mais si l’école ne tient plus sa promesse d’émancipation, alors la machine se grippe.
Voilà pourquoi, parce qu’il n’est pire fracture dans une société que celles issues des inégalités sociales, le Département sera un bâtisseur de liens par l’éducation et la culture, domaines où nous avons fortement investi et où nous continuerons d’investir à hauteur de 38,4 millions d’euros. 24 millions pour l’éducation, 14,4 millions pour la culture, le patrimoine et la lecture publique.
D’ici un mois par exemple, nous aurons le plaisir d’inaugurer la nouvelle demi-pension du collège de Gramat. Avant l’été, nous lancerons la restructuration du collège de Martel pour plus de confort pour les élèves et les personnels.
Côté patrimoine et culture, le chantier de l’extension des Archives départementales avance fortement et, pour 2024, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous lançons également le chantier d’un nouveau projet muséal pour l’éco-musée de Cuzals.
Oui, bâtir des liens, c’est donc faire vivre les droits culturels, faire vivre l’égalité des chances à l’école, mais cela passe aussi par donner, parfois, une seconde chance à ceux moins favorisés par le sort.
Nous sommes de ceux qui tendons la main aux plus modestes, aux plus fragiles.
A celles et ceux que l’on rejette plus facilement alors même qu’ils n’ont tout simplement pas eu les mêmes opportunités ou qu’ils font face à des difficultés en raison d’un accident de parcours.
Ainsi, au-delà du versement du RSA, notre budget consacre un volet important à l’insertion. 2,3 millions d’euros. Grâce à notre action, 1300 bénéficiaires sortent du RSA chaque année. C’est un beau résultat, et je salue le travail de nos travailleurs sociaux en la matière.
Pour autant, ce résultat est fragile. Car il repose sur un accompagnement humain important. Or, sans moyens supplémentaires, le Département ne pourra faire face aux annonces récentes du Premier Ministre qui, sans concertation, a décidé de supprimer une allocation versée aux chômeurs en fin de droit, l’ASS, et décidé d’en faire des bénéficiaires du RSA.
Pour le Lot, cela concerne au bas mot plusieurs centaines de personnes, et une dépense estimative de plusieurs millions d’euros supplémentaires. Pour ces demandeurs d’emplois, c’est avant tout un recul de droit sociaux car ils perdent leur droit à cotiser pour leur retraite. Encore un recul me direz-vous. ; et pourtant, je ne peux me résoudre à ne pas le dire !
Ce budget tourné vers la solidarité, il l’est également grâce à notre action sociale en faveur du premier et du dernier âge. Presque 26 millions d’euros pour l’enfance, la famille et la santé, et 82,6 millions d’euros pour les personnes âgées et personnes handicapées.
Je le dis souvent, une société qui se respecte, c’est une société qui respecte ses aînés.
Grâce aux progrès de l’espérance de vie, nous connaissons une révolution. Celle de la longévité. Mais cette révolution doit se faire dans la dignité. Dans le respect de chacun.
Bien vieillir ne doit être ni un luxe, ni un privilège, mais un droit fondamental.
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