Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Pierre Verduzan a lu la dictée d’Ela
C’est le président du festival des bandas, Pierre Verduzan qui a lu la dictée dont le texte est signé cette année par Alice Zeniter, Prix Goncourt des Lycéens 2017. On vous le propose. « Leucodystrophie, c’est un mot compliqué. Quand j’ai appris le nom de ma maladie, ma 1ère réaction a été : «Mais je ne sais même pas l’écrire !». J’ai appris finalement. Maintenant, je n’hésite plus: je ne me demande plus où est le «Y». Au début, je le mettais aux 2 endroits et je m’interrogeais ensuite : «qui était le «Y» légitime ? Qui l‘imposteur ? La réponse ne venait pas toujours tout de suite et je pouvais rester longtemps à guetter le mot, à attendre que l’un des «Y» se trahisse d’un frémissement ou d’un soupir. J’ai même appris le sens des différentes racines qui forment le mot. Il vient du grec, ce nom. Et « leukos », ça veut dire blanc. Ça ne me dérange pas d’avoir une maladie avec un nom à coucher dehors mais je n’aime pas avoir une maladie de la blancheur. C’est un peu redondant, non ? Le blanc, c’est le domaine de la maladie : blouse, hôpitaux, globules, compresses. Tout le monde pense déjà au blanc quand on évoque des problèmes de santé. Et puis peutêtre au rouge. Moi, je suis une enfant de toutes les couleurs. Mais je ne m’inquiète pas : si j’ai triomphé des «Y», je triompherai du blanc ».