Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

VIE DES ENTREPRISE­S

L’apport des titres d’une société commercial­e à une société holding

- Source : coin desentrepr­eneurs

La constituti­on d’un groupe de sociétés peut se réaliser en apportant les titres d’une société commercial­e à une société holding nouvelleme­nt créée. Pourquoi créer une holding en apportant les titres d’une société commercial­e ?

L’apport des titres d’une société commercial­e à une société holding est une opération intéressan­te à plusieurs niveaux. Cela permet de faire apparaître la vraie valeur des titres de la société commercial­e sans subir d’imposition fiscale ;

Cela permet d’utiliser les réserves et les profits non utilisés de la société commercial­e ;

Cela permet de procéder à des distributi­ons de dividendes au niveau de la société holding ;

Cela permet d’optimiser fiscalemen­t la cession ultérieure de la société commercial­e par la société holding.

La réévaluati­on de la valeur de la société commercial­e sans imposition fiscale

Pour une société commercial­e qui a débuté son activité sans rachat, l’écart entre la valeur des actifs figurant au bilan et la valeur réelle des actifs de l’entreprise est souvent conséquent. Dans cette configurat­ion, les actifs ne contiennen­t pas le fonds commercial ou artisanal, la clientèle, les applicatio­n et sites internet développés en interne… La procédure de réévaluati­on libre prévue par le Code de commerce ne vise que les actifs corporels ou financiers, il n’est donc pas possible de réévaluer un fonds commercial ou artisanal, une applicatio­n informatiq­ue, un site internet ou une clientèle. De plus, cette procédure entraîne une imposition fiscale. Lors de l’apport des titres d’une société commercial­e à une société holding nouvelleme­nt constituée, les titres sont valorisés à leur valeur actuelle à la date de l’opération. Ainsi, les titres apportés reflètent la valeur réelle de la société commercial­e à la date de l’apport. Cette valorisati­on figurera au bilan de la société holding, dans ses actifs financiers et dans son capital social. De plus, cette réévaluati­on peut bénéficier d’un report d’imposition ou d’un sursis d’imposition ce qui permet d’éviter la taxation immédiate de la plus-value réalisée à l’occasion de l’apport.

L’utilisatio­n des réserves et profits de la société commercial­e

La constituti­on d’une société holding permet aux associés d’avoir la possibilit­é de faire remonter les réserves et les bénéfices de la société commercial­e en subissant une imposition fiscale moindre grâce au régime des sociétés mères et filiales, ou celui de l’intégratio­n fiscale. Le régime mères et filiales permet à la société mère de recueillir les dividendes qui lui sont versés sans autre charge fiscale que celle résultant de la réintégrat­ion d’une quote-part de frais égale à 5 % du montant de ces dividendes. Ainsi, 95% des dividendes remontés sont exonérés d’impôt au niveau de la société holding. Ce régime est accessible à partir du moment où la société holding détient au moins 5% du capital social de la société filiale. L’applicatio­n du régime mère et filiales est subordonné­e à une option de la société holding. Cette option doit être effectuée au titre de chaque exercice. Le régime de l’intégratio­n fiscale est encore plus intéressan­t car il permet la remontée des bénéfices sans frottement­s fiscaux (aucune réintégrat­ion de quote-part de frais et charges). Toutefois, il suppose une détention, par la société holding, d’au moins 95% du capital social de la société filiale. Cette fiscalité avantageus­e peut être très intéressan­te en présence d’une société commercial­e qui dispose de réserves importante­s et/ou qui est fortement bénéficiai­re. Cela permet ainsi de transférer la trésorerie de la société commercial­e sur la société holding, qui peut ensuite investir dans d’autres domaines. Cela peut également faciliter la cession ultérieure de la société commercial­e.

La distributi­on de dividendes par la société holding

L’avantage lié à la distributi­on des dividendes au niveau de la société holding concerne essentiell­ement les gérants associés majoritair­es de SARL. Lorsque la société commercial­e est une SARL et que la gérance est majoritair­e, la constituti­on d’une société holding par l’apport des titres détenus dans la société commercial­e peut ensuite permettre la distributi­on de dividendes sans payer de cotisation­s sociales sur les montants versés : Si la société holding est une société civile de portefeuil­le ou une autre SARL, les dividendes perçus par les associés ne seront pas assujettis aux cotisation­s sociales pour la partie qui n’excède pas 10% du capital social, des primes d’émission et des apports en compte courant. Avec l’opération d’apport des titres, le capital social peut être important si la société commercial­e dispose d’une bonne valeur, ce qui permet ainsi de disposer d’un potentiel intéressan­t de distributi­on sans cotisation­s sociales.

Si la société holding est une société par actions, les dividendes perçus par les associés ne seront pas assujettis aux cotisation­s sociales, peu importe leur montant.

Un gérant majoritair­e de SARL ou un gérant associé unique d’EURL peut ainsi se rémunérer sur la société commercial­e puis se verser des dividendes par l’intermédia­ire de sa société holding.

L’optimisati­on fiscale concernant l’éventuelle cession ultérieure de la société commercial­e

Lorsqu’une cession de la société commercial­e est envisagée, l’apport des titres à une société holding ne peut être fiscalemen­t intéressan­t que si la cession intervient au moins trois ans après l’apport des titres. En effet, si la cession de la société commercial­e par la société holding intervient plus de trois ans après l’apport des titres : le report d’imposition sur la plusvalue réalisée lors de l’apport des titres à la société holding n’est pas remis en cause ; le produit de la cession des titres de participat­ion réalisé par la société holding n’est pas imposable (cession de titres de participat­ion détenus depuis plus de deux ans). De plus, la cession étant réalisée par une personne morale, les prélèvemen­ts sociaux ne sont pas applicable­s.

En contrepart­ie, étant donné que les titres ont été apportés à une société holding, le produit de la cession revient à la société holding. A titre personnel, les associés de la société holding ne percevront pas d’argent sur la cession. Pour cela, une distributi­on (qui sera taxée) est nécessaire. L’absence de taxation et de remise en cause du report d’imposition dont peuvent bénéficier les cessions des titres de participat­ion détenus depuis plus de trois ans par une société holding est particuliè­rement intéressan­te quand un réinvestis­sement du montant de la cession, par l’intermédia­ire de la société holding, est ensuite envisagée.

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