Le Point

La droite politique est endormie. Pas la société civile, qui bouillonne d’idées.

- PAR SAÏD MAHRANE

Ils parlent, mais on ne les entend plus. Ils disent défier le mal, mais on peine à les croire. Ils bombent le torse dans l’opposition et, une fois au pouvoir, c’est le dos qu’ils courbent. Le crédit de nos politiques est-il donc à ce point nul ? Lors de son discours de politique générale, Manuel Valls n’a pas dit autre chose : « La parole publique est devenue une langue morte. » Oui, morte ! Il n’est que de voir la léthargie profonde de la droite pour s’en convaincre. Parce que cette langue est morte, des personnali­tés de la société civile, qu’on situerait politiquem­ent entre François Bayrou et Marine Le Pen, ont comblé le vide, pris la parole et usé d’un langage, bien vivant, lui. Un langage qu’on retrouve dans l’édition, la presse, les associatio­ns, à la télévision et même au théâtre, qui fascine et dérange, provoque et s’emploie à toujours appeler un chat un chat. Ça fait drôle aux oreilles. Sans doute aurait-on, en d’autres temps, réprouvé l’audace, les excès et, parfois, les caricature­s de ces militants malgré eux. Mais, la société française étant ce qu’elle est, aussi cadenassée que le pont des Arts, on réclame désormais, on applaudit même, ces voix discordant­es qui ont la mélodie de la vérité.

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