Bisounours
soutiens à Rocard et Sarkozy ensuite, mais rien d’autre. Bien qu’il soit désormais « sans famille politique », il vote encore, mais refuse de dire pour qui. Aux dernières européennes, il confie s’être abstenu « comme une majorité de Français ».
La droite a beau le glorifier, il n’est pas tendre vis-à-vis d’elle. Il abhore le FN et peut-être plus encore l’antiracisme, qui l’a définitivement éloigné de la gauche socialiste. L’essayiste pourfend régulièrement dans nos colonnes « les apôtres de la diversité qui voudraient que la France ne soit rien de substantiel pour permettre à toutes les identités (ethniques, religieuses, sexuelles) marquées du sceau de la différence de s’épanouir sans entraves ». De même raille-t-il la « gauche divine », qui, « par son arrogance, a tué le débat ». De Marine Le Pen et de ses amis il dit : « Le malheur de la France, c’est bien que cette angoisse ne soit entendue et prise en charge que par des gens que je continue de considérer comme infréquentables. »
En Mai 68, ô cocasserie, il était de gauche, proche de Benny Lévy, chantait « Bella ciao » et voulait abolir l’autorité ; le voilà défenseur acharné de cette même autorité, applaudi par l’UMP et ami de Renaud Camus, théoricien d’extrême droite, condamné pour provocation à la haine contre les musulmans. « J’ai vieilli et j’ai appris » , soupire-t-il lorsqu’on lui remémore ses combats d’antan. Dans la préface de « L’identité malheureuse » (Stock), il insiste sur la « part de comédie » de ses anciens copains maoïstes. Il admet, par ailleurs, être « nostalgique de la gauche mendésiste ». Un jour, sur France Inter, il a confié, entre amusement et contrition : « J’étais un fantassin du gauchisme. Oui, j’ai manifesté en Mai 68. »
Dans « Notre jeunesse », Charles Péguy, le seul homme à barbe que « Finkie » porte au pinacle en ces temps obscurs, a évoqué la mystique républicaine. Nous y sommes : Finkielkraut en est aujourd’hui, indéniablement, la figure la plus