Le Point

En marge des partis, ces francs-tireurs dynamitent le ronron ambiant. Portraits.

- EMMANUEL BERRETTA

figure au sein de l’UMP. L’histoire tourne court : sa candidatur­e en 14e position sur la liste UMP, conduite par Jean-François Copé, aux régionales de 2004, ne lui permet pas d’être élue. Le Grenelle de l’environnem­ent lancé sous le mandat Sarkozy n’aboutit à rien de concret. Si bien que Fontenoy s’éloigne de cette formation politique pour (sans jeu de mots) mener sa barque. C’est à travers sa fondation qu’elle milite depuis pour la préservati­on des océans par des actions éducatives dans les établissem­ents d’enseigneme­nt.

« L’idéalisme, ça ne sert à rien. C’est un objectif, mais on ne peut pas nier les réalités. Tout comme il est idiot de s’enfermer dans une conception absolutist­e du principe de précaution, estime-t-elle. Le brandir à tout propos pour stopper les re - cherches scientifiq­ues, c’est le dévoyer. » C’est à ce titre qu’elle défend de nouvelles techniques (l’extraction au propane) plus propres pour exploiter le gaz de schiste ou la poursuite des recherches sur les OGM. « Le débat sur le gaz de schiste occupe tout l’espace médiatique, mais, quand on achète du gaz aux Russes, personne ne se soucie des conditions de son extraction », ironise-t-elle. Les flèches sont directemen­t pointées en direction d’EE-LV, cible de son dernier ouvrage, intitulé « Ras-le-bol des écolos » (Plon), bientôt suivi d’ un a ut r e , « Les r a i s ons d’ y croire » (parution fin mars).

Sur le débat essence ou diesel, Maud Fontenoy se distingue là aussi, refusant d’abonder dans le sens général qui voudrait que l’essence soit préférable au diesel : « Ne tombons pas dans les idées reçues. Une voiture au diesel qui possède un filtre rejette moins de particules fines dans l’atmosphère qu’une vieille voiture à essence. Il s’agit donc d’aider les gens qui ont des voitures anciennes plutôt que de matraquer le prix du diesel. » L’année 2015 sera ponctuée par la conférence mondiale sur le climat – la COP 21– organisée à Paris. Ne comptez pas sur Maud Fontenoy pour se joindre au choeur plaintif des contempteu­rs de la Chine pollueuse. « Bien sûr, on attend tous que la COP21 prenne des décisions. Mais cessons de donner des leçons à la Chine ou à l’Inde. Ils ne nous ont pas attendus pour travailler à des solutions. Pensez-vous que l’Allemagne soit bien placée pour tancer les Chinois ? interroge-t-elle. Ils sont sortis du nucléaire pour relancer le charbon. Résultat : les Allemands polluent toute l’Europe… » Contactée par Le Point, Cécile Duflot n’a pas souhaité réagir. Le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, lui, n’a eu qu’un mot au sujet des propositio­ns de Maud Fontenoy : « C’est gentil. » Voici donc, en jupe plissée, col roulé gris clair et queue de cheval, celle qui porterait le masque souriant du libéralism­e le plus échevelé : Agnès Verdier-Molinié, 36 ans, assise dans une salle de réunion de l’Ifrap, l’antre supposé du même Mal. Ne court-elle pas les plateaux pour réduire la mauvaise graisse fonctionna­riale ? N’at-elle pas été prise à partie lors d’un colloque de L’Obs par quelques gauchistes qui l’ont poursuivie jusqu’à son taxi ? Moue dubitative de la directrice de la fondation Ifrap. « Libérale ? Je n’emploie jamais ce mot, l’Ifrap non plus. »

Fille aînée d’un couple de viticulteu­rs bordelais qui l’ont élevée dans le respect des valeurs de la terre, Agnès Verdier-Molinié a fait sienne la mission de l’Ifrap, qu’elle récite comme une évidence : « On

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