LA GRANDE PURGE AREVA
Les chiffres catastrophiques circulaient avec tant d’insistance qu’Areva a dû publier une semaine à l’avance ses résultats 2014. Et rendre public un trou de 4,9 milliards d’euros de pertes, nourri avant tout par des dépréciations d’actifs et des provisions. C’est abyssal en valeur absolue, mais encore plus si on met ce montant en regard du chiffre d’affaires du groupe nucléaire public (8,3 milliards d’euros). « Areva a encaissé une succession de chocs qui confinent à la fatalité, presque à la tragédie grecque » , soupire un connaisseur. Ce qui incombe directement à Areva est bien connu : retard du chantier de l’EPR finlandais d’au moins neuf ans, incroyable dépréciation d’Uramin, acheté en 2007… Auxquels se sont ajoutés les chocs extérieurs tels Fukushima et l’essor des gaz de schiste. Depuis qu’Anne Lauvergeon est partie en juin 2011, le groupe nucléaire – dont l’Etat est actionnaire à 87 % – n’a pas affiché un seul exercice dans le vert, mais 7,9 milliards d’euros de pertes cumulées. Le nouveau patron opérationnel, Philippe Knoche, aux manettes depuis fin 2014 et le décès de Luc Oursel, va du coup présenter un plan de compétitivité le 4 mars, qui prévoira environ 1 milliard d’euros d’économies (achats, investissements, frais de personnel…). Surtout, il annoncera un plan stratégique. Va-t-il mettre fin au modèle intégré d’Areva en cédant des activités ? Devoir renforcer les liens avec EDF ? Pourra-t-il se passer d’une recapitalisation ? La ministre de l’Energie, Ségolène Royal, a indiqué que « toutes les solutions sont en train d’être regardées »
UN GOUFFRE DE 4,9 MILLIARDS D’EUROS POUR LE ROI DU NUCLÉAIRE
FRANÇAIS.