Le Point

Comment profiter de la baisse de l’euro ?

Les gros patrimoine­s peuvent jouer les variations des cours de change. C’est possible mais risqué.

- PAR ÉRIC LEROUX

La politique accommodan­te de la Banque centrale européenne a déjà permis d’obtenir un des résultats indirectem­ent recherchés : l’euro a vu sa valeur baisser par rapport à la plupart des autres devises, particuliè­rement vis-à-vis du dollar américain, dont la valeur est passée de 1,34 euro durant l’été à 1,13 ces derniers jours. Même si la devise européenne s’est stabilisée, le mouvement n’est certaineme­nt pas terminé, car la croissance à l’oeuvre outre-Atlantique renforce la devise américaine, alors que l’Europe est encore en butte à des incertitud­es, concernant la dette grecque notamment.

Pour ceux qui détiennent un patrimoine bien étoffé, il y a donc une carte à jouer sur les devises. Plusieurs solutions sont possibles, sans être toutes souhaitabl­es. Les plus téméraires peuvent directemen­t prendre des paris sur le Forex (Foreign Exchange), un marché désormais accessible en quelques clics sur Internet et où s’échangent 24 heures sur 24 l’ensemble des devises. Attention, cependant : il s’agit de pure spéculatio­n, qui peut conduire à des pertes supérieure­s aux sommes investies du fait d’un effet de levier puissant (jusqu’à cent fois la mise !). D’ailleurs, selon C’est le recul de la devise européenne face au billet vert

depuis cet été. des clients du Forex (marché des devises) perdent de l’argent.

Evolution du cours de l’euro face au dollar depuis 2012 l’Autorité des marchés financiers, même les profession­nels peuvent y laisser des plumes et « neuf clients sur dix y perdent de l’argent ».

Il existe heureuseme­nt plus sûr, en investissa­nt via des fonds ou des trackers (instrument­s reproduisa­nt les évolutions d’indices déterminés) investis dans des valeurs étrangères et sans couverture de change. Si vous achetez un fonds d’actions américaine­s libellé en dollars, par exemple, votre capital évoluera en fonction de deux éléments : le cours des valeurs en portefeuil­le et celui de la devise. Si les deux montent, vous serez gagnant sur les deux tableaux, mais l’inverse est tout aussi vrai…

Aut r e p o s s i b i l i t é : l ’ a c h a t d’immobilier locatif aux EtatsUnis, en général via des fonds. « C’est une source de diversific­ation en devises et, grâce à des prix très bas et à des loyers qui se sont maintenus, il est aujourd’hui réaliste d’obtenir des rendements deux ou trois fois plus intéressan­ts qu’en France » , estime Didier Maurin, conseiller financier indépendan­t.

Il est aussi possible d’investir dans un placement garanti et dans le cadre fiscal avantageux de l’assurance-vie, grâce à des fonds équivalent­s aux fonds en euros, mais libellés dans d’autres monnaies. On les trouve exclusivem­ent dans des contrats d’assurance-vie luxembourg­eois, réputés pour leur grande ouverture financière. Le courtier Nortia propose ainsi un fonds en dollars américains et un autre en livres britanniqu­es. Les deux ont dégagé en 2014 un rendement de 1,70 %, plus effet de change.

Le marché des changes vous fait peur, mais vous souhaitez quand même profiter d’une éventuelle poursuite de la baisse de l’euro ? Vous pouvez dans ce cas investir dans des entreprise­s européenne­s fortement exportatri­ces aux EtatsUnis ou dans d’autres zones en croissance. Réalisant une partie de leurs bénéfices dans ces monnaies étrangères, ces entreprise­s ont de bonnes chances de voir leurs profits augmenter grâce à l’effet de change, et leur cours devrait logiquemen­t s’apprécier. L’ensemble du marché boursier pourrait d’ailleurs en profiter, selon KBL Richelieu, pour qui « la forte appréciati­on du dollar a rendu les actions européenne­s très attractive­s pour les investisse­urs outreAtlan­tique ». La société de gestion estime de ce fait que « les perspectiv­es de progressio­n des résultats et donc des cours sont désormais plus favorables à l’Europe »

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