Un astrophysicien explore la science-fiction avec la physique moderne.
D’où viennent les pouvoirs de Superman ? La force des Jedi de « Star Wars » ? Peut-on voyager aux confins de la galaxie à travers un trou de ver comme dans « Interstellar » ? Et la téléportation comme dans « Star Trek », c’est possible ? Des questions auxquelles Roland Lehoucq répond. Regard qui s’éclaire quand on mentionne les petits hommes verts ou autres voyages dans le temps, l’homme n’en est pas moins astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay. Il explique trouver dans la science-fiction un inépuisable réservoir de problèmes scientifiques très concrets. « Je propose de réfléchir de façon ouverte sur une question dont on ignore si la réponse existe. Le principe même de la recherche scientifique. » Une pédagogie ludique qui surprend parfois. « Je constate que les étudiants habitués aux exercices académiques sont un peu étonnés de voir que la science peut être amusante ! » sourit-il. Démonstration « Gravity » Rendez-vous dans l’espace « Le film est intéressant dans sa volonté réaliste. Des astronautes m’ont confirmé que beaucoup de choses correspondaient à leur expérience. » Pourtant, quelques détails coincent. La jeune astronaute (Sandra Bullock) parvient à rattraper la capsule chinoise. « Elle vise et accélère. Or, quand on se propulse dans l’espace, on change d’orbite. Ce qui explique qu’un rendez-vous orbital soit très compliqué : il ne suffit pas d’être au même 1965 Naissance à Issy-les-Moulineaux. 1985 Ecole normale supérieure (rue d’Ulm). 1992 Thèse d’astrophysique. Depuis 1992 chercheur au CEA (Saclay). 2007 « SF : la science mène l’enquête » (Le Pommier). 2012 « La SF sous les feux de la science » (Le Pommier). Depuis 2012 Préside le festival de science-fiction Les Utopiales de Nantes. endroit en même temps, il faut aussi aller à la même vitesse que la cible. » La force de gravité Le personnage incarné par George Clooney n’a aucune raison de mourir comme il le fait. Etant en apesanteur, aucune force ne s’exerce sur les deux malheureux perdus dans l’espace, et il ne peut pas entraîner Bullock avec lui dans le vide spatial. « Il suffirait qu’elle tire le câble et le ramène, il n’a donc pas la moindre raison de lâcher prise… »
Mais, pour l’astrophysicien, chercher les failles ne signifie pas bouder son plaisir de spectateur. « Prendre une loupe scientifique pour regarder un film de SF, c’est simplement lui ajouter une dimension. Mais quand une oeuvre est bonne, ce n’est pas pour une raison scientifique, c’est parce qu’elle arrive à nous plonger dans un univers cohérent… »