Chapeau, les artistes !
Depuis 1936, les orfèvres de Maison Michel façonnent dans les règles de l’art des couvre-chefs. Visite au coeur de l’atelier.
C’est à Pantin, bien loin de la boutique parisienne de la rue Cambon, où les élégantes viennent s’offrir un chapeau d’exception, que sont fabriqués les galurins signés Maison Michel. Dans ce bâtiment de verre et d’acier ultramoderne s’activent une quinzaine d’artisans. Parmi lesquels Shariff, l’un des deux maîtres-chapeliers. Vingt-sept ans de maison et un enthousiasme toujours intact, il déambule joyeusement au milieu d’un dédale de bords et de calottes de chapeaux de toutes tailles. De la capeline au béret en passant par le canotier, le cache-chignon ou le chapeau melon, il y en a pour tous les goûts. Certains sont d’ailleurs revisités de façon contemporaine, à grand renfort de plumes rebrodées, perles, chaînes et autres brocarts haute couture.
La spécificité de la maison est que chaque modèle est fabriqué à l’unité sur une forme en bois. Exclusivement taillée dans du tilleul, dépourvue de noeuds et qui résiste à la chaleur de l’étuve. Les archives en comportent plus de 3 000.
La griffe, fondée en 1936, est désormais la propriété de Chanel, qui s’acharne à faire perdurer le savoir-faire des métiers d’art.
Aujourd’hui, Shariff s’attelle à fabriquer un Virginie, le modèle emblématique de la maison, reconnaissable à sa virgule sur la calotte.
Après avoir apprêté le feutre de lapin avec de la gomme arabique pour qu’il garde sa forme le plus longtemps possible, il le passe à la vapeur. Ce geste permet de l’étirer pour qu’il épouse parfaitement la forme. Puis il le fixe sur le gabarit en bois à l’aide de petits clous très souples, appelés « argentines ». Il ceint ensuite le chapeau de ficelle, nouée à des endroits stratégiques. La fameuse virgule est déjà sculptée sur le haut de la forme comme une rigole. Mais c’est à Shariff de créer le mouvement parfait et de supprimer les plis causés par cette forme asymétrique.
Et pour que cette virgule soit permanente, notre orfèvre va y clouer un morceau de jonc circulaire en osier, avant de passer son ouvrage à l’étuve à 150 °C. Rien que la mise en forme dure en moyenne trente minutes. Elle peut exiger trois heures pour des modèles patchwork ou techniquement plus retors. « C’est un travail très physique. Si on démoule un chapeau