Le Point

Les cigales, les fourmis et les autruches

- Etienne Gernelle

Que ceux qui pensent encore que l’on peut s’en sortir seuls lèvent le doigt ! La tragédie – qui est loin d’être terminée – des migrants en Méditerran­ée a de quoi faire réfléchir les champions des frontières, les zélateurs du chacun chez soi. Quelle palissade nationale retiendra des gens qui sont prêts à risquer leur vie ? Cela est une – triste – fable européenne. A l’égoïsme des pays du sud du continent, qui ont trop vécu avec l’argent de ceux du nord, a répondu l’avarice de ces derniers, qui ont lâchement abandonné les membres du « Club Med » face à la question des migrants. Ces riches Européens n’ont pas non plus jugé utile de contribuer à l’effort militaire de la France, seule à se démener en Afrique contre Aqmi. Ils paniquent aujourd’hui. Un peu tard. Le drame méditerran­éen éclaire aussi d’un nouveau jour l’hypothèse d’une faillite grecque. L’effondreme­nt d’un Etat situé en première ligne ne ferait qu’aggraver la catastroph­e. Alors, l’Europe ? Elle n’a pas – il est vrai – de baguette magique. Il faudra d’abord qu’elle se donne les moyens de sauver des vies. Les Européens devront ensuite, qu’on le veuille ou non, accueillir une partie des réfugiés et les répartir sur le continent. Renverra-t-on tous les Somaliens à Mogadiscio ? Non. On ne pourra pas non plus éviter de se mêler un peu plus des conflits qui ravagent l’Afrique et le ProcheOrie­nt. Rien de simple, car l’Occident a souvent semé le chaos à vouloir bien faire. Mais c’est un fait : les Syriens ont été les plus nombreux à tenter la traversée en 2014. Le défi est effrayant. Et, si personne n’est obligé de vibrer à la vue du drapeau aux douze étoiles, nul ne peut nier aujourd’hui que seule l’Europe est de taille à y faire face

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