Grands chantiers, populisme, autoritarisme : le président entend bien devenir le maître d’une « nouvelle Turquie ».
Il manquait quelque chose au « Palais blanc ». Les 200 000 mètres carrés – quatre fois plus que Versailles – et les 1 150 pièces ne suffisaient décidément pas à sa grandeur. Recep Tayyip Erdogan a donc fait embaucher 16 gardes en armure censés représenter les anciens « empires » fondés par les Turcs, pour accueillir ses invités de marque à l’entrée du palais présidentiel. Ce caprice architectural à 500 millions d’euros vient allonger la longue liste des édifices nés de l’imagination du « sultan ». Erdogan a déjà fait baptiser de son nom le futur et gigantesque aéroport d’Istanbul. Le troisième pont sur le Bosphore, qu’il fait construire pour des centaines de millions d’euros, sera l’un des plus hauts du monde. Et, à sa mort, la titanesque mosquée de Çamlica, en construction sur les hauteurs d’Istanbul, devrait abriter son mausolée.
Le visage dur, le sourire masqué par sa moustache grisonnante – qui fait le bonheur des caricaturistes turcs – et avec l’assurance que lui confère sa stature (1,85 mètre), le président répond laconiquement aux journalistes qui l’interpellent sur ces dépenses : « On ne lésine pas sur le prestige. » « Folie des grandeurs d’un leader mégalo ! » accusent ses opposants, qui rappellent que le salaire minimal en Turquie dépasse timidement 300 euros. Une charge de plus contre Erdogan, déjà accusé d’avoir sombré dans l’autoritarisme et l’autocratisme depuis la sanglante répression du