Le Point

Ermias Ghermay, l’homme qui jette les migrants à la mer

Cet Ethiopien de Tripoli est le passeur principal entre la Libye et l’Italie.

- DE NOTRE CORRESPOND­ANT À ROME, DOMINIQUE DUNGLAS

on Amérique à moi, je l’ai trouvée en Libye ! » payer 2 000 dollars par tête. L’« agence de voyages » de Ghermay prévoit également des services VIP, avec traversée confortabl­e et à moindre risque dans des Zodiac rapides pour 5 000 dollars. Le cas échéant, elle fournit aussi des faux passeports moyennant 2 000 dollars supplément­aires. Cynisme. Le boss, qui parle le tigré, l’arabe, le français, l’anglais et l’italien, se charge personnell­ement d’alerter les gardes-côtes italiens lorsqu’un de ses navires n’a pas donné signe de vie après quarante-huit heures de traversée, car les naufrages sont mauvais pour les affaires. « Cet accident a fait trop de bruit, il va nous faire perdre des clients » , explique-t-il à son lieutenant John Maray dans une écoute réalisée il y a deux ans, faisant référence au naufrage qui a fait 366 victimes. Et de poursuivre avec un cynisme consommé : « On m’accuse de ne pas leur avoir donné de gilets de sauvetage, mais la côte était à 800 mètres. Et, si le bateau était trop chargé, c’est parce que les immigrés appartenai­ent au même groupe et voulaient rester ensemble.

 ??  ?? Mortel trafic. Le 20 avril, des migrants naufragés accostent sur l’île de Rhodes. Ci-contre, le portrait-robot d’Ermias Ghermay.
Mortel trafic. Le 20 avril, des migrants naufragés accostent sur l’île de Rhodes. Ci-contre, le portrait-robot d’Ermias Ghermay.

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