La petite enfance et le grand âge pèsent chacun 1% du PIB.
Les deux âges extrêmes de la vie se caractérisent, en termes de politique publique, par des problématiques de prise en charge analogues : quels recours aux mécanismes de solidarité et aux ressources des familles ? Quelle place respective des équipements collectifs et des services individuels ? Quel « choix » procurer aux bénéficiaires ? Certes, les différences sont évidentes. L’extension possible de la couverture assurantielle de la dépendance rappelle qu’il s’agit bien d’un risque, alors que la petite enfance est avant tout un moment de l’existence que nous traversons tous. Ces deux âges commandent aujourd’hui des efforts conséquents de dépense publique. En 2012, les dépenses collectives, toutes sources confondues (Sécurité sociale, Etat, collectivités territoriales), sont globalement équivalentes. Pour les moins de 6 ans, la collectivité consacre environ 1 % du PIB aux crèches, aux prestations familiales d’accueil du jeune enfant et à l’école maternelle. Pour les plus de 70 ans dépendants, la masse financière (issue des mêmes sources) correspond également à 1 % du PIB. Mais la donne pourrait bien être modifiée. Avec une législation et une organisation inchangées, la prise en charge de la dépendance âgée pourrait représenter 1,5 point de PIB d’ici une quinzaine d’années. Il y a là un effet mécanique de l’augmentation des effectifs de personnes âgées en perte d’autonomie. La science démographique a ses vérités. On sait globalement combien de personnes auront plus de 70 ans dans quinze ans. Elles sont toutes nées ! Mais l’incertitude est très élevée quant au nombre d’enfants de moins de 6 ans dans quinze ans. Aucun n’est né… Les sommes et enjeux, considérables dans notre contexte d’hyperendettement public, rendent nécessaires des arbitrages. Ils ont été implicitement rendus en faveur des plus âgés. La France vieillissante a fait le choix de ses aînés. Dans un contexte où la pauvreté des personnes âgées, sans avoir été éradiquée, a amplement baissé, tandis qu’augmentait celle des enfants et des jeunes actifs, il aurait pu être autre. Car les retraités ont désormais des niveaux de vie au moins égaux à ceux des actifs… qui aspirent à mieux concilier leurs activités professionnelles et leurs responsabilités familiales (auprès de leurs jeunes enfants et/ou de leurs ascendants dépendants). Il n’est pas certain que l’option d’un accent mis sur la dépendance soit la plus légitime pour les enfants mais aussi pour l’avenir. S’il est souhaitable que des solutions soient trouvées pour le grand âge, il est également souhaitable que la question de la petite enfance reprenne place sur l’agenda politique. Et ce dans un contexte bien difficile où nous vivons au-dessus non pas de nos moyens, mais de ceux de nos petits-enfants
DES ARBITRAGES SONT NÉCESSAIRES. ILS ONT ÉTÉ IMPLICITEMENT RENDUS EN FAVEUR DES PLUS ÂGÉS.