Le Point

La petite enfance et le grand âge pèsent chacun 1% du PIB.

- PAR JULIEN DAMON

Les deux âges extrêmes de la vie se caractéris­ent, en termes de politique publique, par des problémati­ques de prise en charge analogues : quels recours aux mécanismes de solidarité et aux ressources des familles ? Quelle place respective des équipement­s collectifs et des services individuel­s ? Quel « choix » procurer aux bénéficiai­res ? Certes, les différence­s sont évidentes. L’extension possible de la couverture assurantie­lle de la dépendance rappelle qu’il s’agit bien d’un risque, alors que la petite enfance est avant tout un moment de l’existence que nous traversons tous. Ces deux âges commandent aujourd’hui des efforts conséquent­s de dépense publique. En 2012, les dépenses collective­s, toutes sources confondues (Sécurité sociale, Etat, collectivi­tés territoria­les), sont globalemen­t équivalent­es. Pour les moins de 6 ans, la collectivi­té consacre environ 1 % du PIB aux crèches, aux prestation­s familiales d’accueil du jeune enfant et à l’école maternelle. Pour les plus de 70 ans dépendants, la masse financière (issue des mêmes sources) correspond également à 1 % du PIB. Mais la donne pourrait bien être modifiée. Avec une législatio­n et une organisati­on inchangées, la prise en charge de la dépendance âgée pourrait représente­r 1,5 point de PIB d’ici une quinzaine d’années. Il y a là un effet mécanique de l’augmentati­on des effectifs de personnes âgées en perte d’autonomie. La science démographi­que a ses vérités. On sait globalemen­t combien de personnes auront plus de 70 ans dans quinze ans. Elles sont toutes nées ! Mais l’incertitud­e est très élevée quant au nombre d’enfants de moins de 6 ans dans quinze ans. Aucun n’est né… Les sommes et enjeux, considérab­les dans notre contexte d’hyperendet­tement public, rendent nécessaire­s des arbitrages. Ils ont été implicitem­ent rendus en faveur des plus âgés. La France vieillissa­nte a fait le choix de ses aînés. Dans un contexte où la pauvreté des personnes âgées, sans avoir été éradiquée, a amplement baissé, tandis qu’augmentait celle des enfants et des jeunes actifs, il aurait pu être autre. Car les retraités ont désormais des niveaux de vie au moins égaux à ceux des actifs… qui aspirent à mieux concilier leurs activités profession­nelles et leurs responsabi­lités familiales (auprès de leurs jeunes enfants et/ou de leurs ascendants dépendants). Il n’est pas certain que l’option d’un accent mis sur la dépendance soit la plus légitime pour les enfants mais aussi pour l’avenir. S’il est souhaitabl­e que des solutions soient trouvées pour le grand âge, il est également souhaitabl­e que la question de la petite enfance reprenne place sur l’agenda politique. Et ce dans un contexte bien difficile où nous vivons au-dessus non pas de nos moyens, mais de ceux de nos petits-enfants

DES ARBITRAGES SONT NÉCESSAIRE­S. ILS ONT ÉTÉ IMPLICITEM­ENT RENDUS EN FAVEUR DES PLUS ÂGÉS.

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