Pour s’en sortir, cette bac+5 a réintégré le foyer familial. Elle n’est pas un cas isolé.
En visitant le petit appartement à louer qui domine la route départementale, Sarah se crispe. Elle ne s’imagine pas un instant dépenser 500 euros par mois pour ce studio situé au-dessus d’un kebab de Cluses, en Haute-Savoie. Elle pourrait certes se le payer, mais elle ne s’y voit vraiment pas. Alors elle remercie poliment le propriétaire et retourne chez ses parents, à quelques kilomètres. Six ans après avoir quitté la maison pour ses études, Sarah a réemménagé dans la chambre qu’elle avait quittée juste après le lycée. Rien n’a changé, il y a toujours autant de livres. En retrouvant ses murs, elle a aussi retrouvé sa place dans la famille. C’est même mieux qu’avant. Avec son salaire de libraire à temps partiel, elle s’est offert une voiture pour être autonome. Elle participe aux courses et fait, de temps à autre, la cuisine pour les dîners en famille. A 26 ans, Sarah a réintégré le foyer familial et elle ne le vit pas honteusement. « Tous mes amis de lycée sont repassés à un moment ou à un autre par la case papa-maman. Il y a quinze ans, c’était mal vu ; maintenant, c’est banal », se justifie la jeune femme.
Les Anglo-Saxons désignent ce phénomène sous le nom de « génération boomerang ». Des jeunes, parfois des trentenaires, qui retournent vivre chez leurs parents. Les motifs les plus fréquents : des stages qui s’éternisent ou de longues périodes de chômage. Hélène et Gennaro, les parents de Sarah, se